LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

Série     Biopic

Tristan Séguéla    Olivier Demangel

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Je pensais ne rien en avoir à foutre de la vie de Tapie. Erreur ! 

Le parcours romanesque de ce magouilleur au bagout phénoménal, qui parvint à franchir les portes (même pas longtemps) des plus hautes sphères de l'État, m'a pris par la main et m'a conduit jusqu'au septième épisode au fil d'un crescendo plutôt bien orchestré. Petit ventre mou durant la première partie de la série (six épisodes auraient suffi), mais dès l'instant de sa rencontre avec Mitterrand, l'ampleur et le souffle du récit s'envolent, et les derniers épisodes s'injectent directement en intraveineuse. 

L'écriture est ciselée, le travail de reconstitution au fil des décennies tient bien la route, et la réalisation soignée, efficace mais sans génie, a su se faire suffisamment discrète pour laisser exploser le talent de Laurent Lafitte.

Disons-le, sa prestation terrassante justifie à elle seule le visionnage de cette série Netflix qui devrait cartonner. L'acteur EST Tapie. Une incarnation qui dévore l'écran et embrasse tous les paradoxes de ce personnage public qui, malgré ses combines détestables et bassesses, reste viscéralement humain.

Et puis, ce petit miracle. Coeur du dernier épisode. Un face à face à huis clos avec le personnage du procureur. Figure incarnant à elle seule l'autorité et la justice. Au fil d'un long crescendo s'impose un immense moment de télé admirablement dirigé et interprété où s'impose de la manière la plus implacable qui soit le principe de réalité à celui qui se rêvait intouchable. La série atteint alors une hauteur qui dépasse largement ce qu'elle était jusqu'alors, à savoir un divertissement efficace et sympathique. En une seule séquence, ce Deus ex machina inversé permet au récit d'accéder à une dimension tragique qui justifie à elle seule cette idée de biopic assez improbable au départ.

En dehors de tout jugement moral, dans une société frileuse, étroite et grignotée par la peur, je dois reconnaître que ce type à l'ambition débridée a su ressusciter, même d'une manière totalement déviante, la notion de panache. Notion aujourd'hui oubliée qui a cédée la place à la provocation, l'imbécile insolence ou la brutalité crasse. Le panache, cette volonté de faire bouillir le tiède de l'existence est ici défendue avec brio par un acteur au charisme ravageur.

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