LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

Drame      Histoire vraie

J. A. Bayona

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Un grand merci pour cette grande claque en travers de la gueule !

Film viscéral à la mise en scène virtuose Le Cercle des Neiges m'a plus d'une fois coupé le souffle. L'histoire vraie de cette équipe de rugby chilienne en 1972 dont l'avion s'écrase en plein coeur des hauts sommets des Andes a déjà été adaptée quatre ou cinq fois à l'écran. Je n'en ai vu qu'une, la plus célèbre. L'efficace et romanesque version de Franck Marschall Les Survivants, en 1993. Ici, on change de braquet, on monte le niveau de jeu et on passe en mode ultra réaliste qui fait mal et vous refroidit.

Après une introduction plutôt gentillette et attendue dans la forme, le film prend son envol. Ouverture du bal avec une scène de crash d'avion aussi tétanisante qu'ahurissante. Rarement la violence d'un atterrissage en catastrophe n'a été montré à l'écran avec une telle avalanche d'images traumatisantes de corps et de tôles broyées, froissées, tordues. Puis c'est le mode survie, tempête, avalanches et autre cortège de souffrances dont le recours à un mode d'alimentation un peu limite (je ne vais pas spoiler même si toute personne s'intéressant un minimum au film sera vite au courant)

Et toute cette douleur à l'écran devient rapidement une épreuve pour le spectateur tant la mise en scène et la direction d'acteur de J. A. Bayona s'avèrent redoutables d'efficacité. En fait, je n'avais pas éprouvé physiquement pareil survival depuis l'écrasant The Revenant d'Iñárritu. Tous ces jeunes acteurs, inconnus pour moi, sont aussi épatants et convaincants les uns que les autres. Des prestations solidement accompagnées par un travail exceptionnel sur la photographie, le son, le maquillage et les décors.

C'est un film aussi dingue à regarder qu'à écouter. Visages marqués par le gel, grincement de la carlingue, hurlement du vent, abysses de la nuit glaciale et premiers rayons de l'aube. Les sensations primales et la matière gouvernent. Le cinéma prend corps. Le recours aux effets numériques, même abondants, sont franchement soignés et tout fait vrai. C'est à la fois hystérique et dépouillé, âpre et éblouissant. Ample et suffocant. Grandiose et intime. Les séquences s'enchaînent sans temps morts ni ventre mous, parfois filmées à l'arrachée, entre deux tableaux de maîtres.

Autant dire qu'après le navrant naufrage de Jurrassic World : Fallen Kingdom j'étais heureux de retrouver intact le talent visionnaire de Bayona, réalisateur des magnifiques L'Orphelinat et A Monster Calls. Ce réalisateur, scénariste et producteur espagnol avait déjà excellé dans le registre survival avec The Impossible qui nous plongeait au coeur du tsunami de 2004 en Thaïlande. Ici, vous n'oublierez pas de sitôt les regards effarés de ces humains confrontés aux pires conditions de survie imaginables. C'est au-delà de la résilience. Avoir survécu plus de deux mois dans un pareil enfer relève du pur miracle.

Et l'hommage est à la hauteur.

D'autant que le récit a l'intelligence de ne pas mettre en avant un héros mais bien tout un groupe. Nous tenons bien là la version la plus fidèle aux évènements puisque le scénario s'appuie sur l'ouvrage du journaliste Pablo Vierci "La Sociedad de la Nieve" construit essentiellement sur le témoignage des survivants. Et ce souci constant d'authenticité fait toute la force de ce coup de maître. Ne manque peut-être qu'une once de transcendance poétique ici et là pour que l'ensemble accède au statut de chef-d'oeuvre mais franchement l'engagement artistique de toute l'équipe est admirable et le spectacle mérite tous les éloges.

Netflix vient d'ajouter un nouveau monument à un catalogue déjà riche de pépites (n'en déplaise aux détracteurs basiques de la plateforme, je pourrais désormais citer une bonne vingtaine d'oeuvres majeures produites ces dernières années)

Le Cercle des Neiges est un grand film et une bonne nouvelle. Saluons le retour aux affaires d'un cinéaste qui a bien faillit passer au broyeur hollywoodien. Comme quoi, si les plateformes font de l'ombre au cinéma en salles, elles contribuent aussi à la résurrection de génies de la mise en scène.

Grand moment !

Francisco, 

Survivre ensemble

Inside

2023

2h20

Directed by 

Writing Credits  

Cast (in credits order) verified as complete  

	Enzo Vogrincic	...	Numa Turcatti
	Agustín Pardella	...	Fernando 'Nando' Parrado
	Matías Recalt	...	Roberto Canessa
	Esteban Bigliardi	...	Javier Methol

Full cast & crew