LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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SOMEWHERE, l'air de ne jamais y toucher

Spleen 

Sofia Coppola

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J'ai revu ça hier soir, et j'ai (un peu) soigné ma déprime avec.

Du cinoche sobre et délicat sur les rapports humains, en 35mm, patine seventies à savourer comme un bon millésime. Spleen d'une célébrité noyant son spleen et les trous béants de son planning au mythique Château-Marmont. L'hôtel des stars et vedettes d'un jour, légendaire édifice sorti de terre dans les années 20 et trônant fièrement sur le Sunset Boulevard. De Bogart, Greta Garbo, Marilyn à Di Caprio en passant par Mitchum, Grace kelly ou Johnny Depp chacun a contribué à entretenir la légende. On notera l'apparition de Benicio Del Toro. Malgré le quotidien répétitif de soirées, sexe et picole, aux petits matins migraineux du personnage de Johnny Marco le charme du lieu opère et contribue à nourrir l'atmosphère du film et cette sensation de temps suspendu

Jusqu'à ce que sa fille vienne bousculer l'apathie ambiante et le reconnecte au réel.

 

Célébrité, sexe, ennui, superficialité et paternité. Autant de thèmes qui auraient pu nous servir une jolie soupe de clichés mais Sofia Coppola à l'élégance d'écrire sobre et de poser sa caméra à bonne distance. Elle développe ici avec grâce l'art exigeant du plan fixe pour nous faire ressentir au mieux l'absolue solitude du personnage. 

 

Dans le rôle de Johnny, le sous-employé Stephen Dorff décroche son plus beau rôle et fait le job avec classe et cette nonchalance glamour propre au "chic-décadent" hollywoodien. Son duo avec la toute jeune et radieuse Elle Fanning fonctionne à merveille. La sincérité et le naturel de ces deux acteurs nous offrent de précieux moments de grâce avec toujours cette sobriété de ton et l'air de ne jamais y toucher.

 

 

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Avec Somewhere et sa vibrante photographie signée Harry Savides (Elephant, Last Days, Zodiac ) la délicate réalisatrice de Virgin Suicides et Lost in Translation s'affirme ici comme une impressionniste de grand talent. Elle touche au coeur, sans effets ni rebondissements. C'est lent (je m'étais un poil emmerdé en salles à sa sortie) mais c'est sensible et toujours pertinent. On a rarement aussi bien filmé et monté l'attente et l'ennui. Sur ce rythme languissant, les instants de complicité entre ce père égaré et sa fille profitent pleinement de cette sensation d'abandon. Ainsi, paisiblement, sans jamais forcer le trait, d'une séquence à l'autre, l'histoire profonde d'un réveil se dessine.

 

C'est simple, beau et au final, profondément émouvant. Plus de dix ans après sa sortie, le temps a fait son oeuvre. Aujourd'hui j'aime Somewhere car c'est du vrai cinoche qui ne balance jamais ses effets et discours en pleine tronche. Ok, vous avez le droit de trouver ça chiant mais c'est un vrai film d'auteur avec un style et un regard. C'est précieux et, oui, ça peut faire du bien à l'âme.

 

 

 

Francisco, 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

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2010

 

1H37

 

 

LE BLU-RAY       Patine seventies pour une savoureuse sensation argentique. Richesse du grain. Le cinéma à l'état nature. Fous du lisse et du piqué passez votre chemin. Nostalgiques savourez !

 

 

Director:

 Sofia Coppola

 

Writer:

 Sofia Coppola

 

  

 

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23/01/2021
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