LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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LE SOMMET DES DIEUX, là-haut

Animation      Aventure       Quête inititatique

Patrick Imbert 

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Au sommet, je place :

Jean-François Laguionie, Sylvain Chaumet et aujourd'hui : Patrick Imbert !

L'animation made in France compte désormais pour moi une sainte-trinité de poètes en activité. Loin des agitations vaines et braillardes aux scénarios bâclés, bancales, atones ou prévisibles ou aux oeuvres beaucoup trop lisses numériquement pour exister.

J'aime aussi certaines oeuvres de Michel Ocelot mais peu de films de ce genre échappent au didactisme, au schématisme ou à une naïveté dégoulinante dès qu'il prétendent délivrer un message humaniste. Depuis la magie de Paul Grimault (Le Roi et l'Oiseau et une collection de courts-métrages enchanteurs),  je ne range que ces trois là sur mon étagère.

 

Pour son premier long-métrage, Patrick Imbert a fait ses armes sur des oeuvres inspirée comme Corto Maltese, la Cour secrète des Arcanes puis en direction d'animation sur Avril et le Monde Truqué et Ernest et Célestine. Il s'est donc lancé le défi d'adapter une oeuvre culte du maitre du Manga "dramatique" Jirô Taniguchi (lui-même inspiré du roman de  Baku Yumemakura) Une BD paru en France il y a une quinzaine d'années. Je n'ai pas lu la BD d'origine mais je me souviens avoir été bouleversé par la lecture de Quartiers Lointains. La seule Bande-dessinée qui m'ait fait monter les larmes. Aussi je peux imaginer la profondeur et la sensibilité du trait qui doit dessiner cette oeuvre et combien elle a dû hanter puis inspirer le réalisateur. Le même sens du tragique habite ce récit dédié aux héros de l'alpinisme.

 

 

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Hommage oblige au matériau d'origine, le style graphique du Sommet des Dieux s'inspire directement du style manga avec une occidentalisation des traits de certains personnages pour mieux marquer l'universalité du propos.

Le récit est d'abord une enquête avant de devenir une quête dont je vous laisse découvrir le propos pour ne pas brider votre plaisir. Mais ici et là, des plans ou des séquences purement contemplatives annoncent clairement la naissance d'un grand de l'animation. Ombres et Jeu de lumières sur des silences habités. Des instants de grâce qui apportent une profonde résonance au sujet et viennent nourrir le questionnement sur ce qui pousse à risquer sa vie sur les hauteurs glacées. Une interrogation permanente autant qu'un appel irrésistible.

 

Au travers de l'addiction aux défis  de la grimpe s'exprime toute la force du combat intérieur que nous nous livrons tout au long de notre existence entre pulsion de vie et pulsion de mort. Ce qui nous relie ou nous sépare, notre rapport avec la nature sont autant de thèmes "Taniguchien" que Patrick Imbert synthétise ici avec délicatesse et un réel sens dramatique, notamment sur une dernière demi-heure où se libèrent l'enjeu et toute la puissance du récit.

 

 

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Le Sommet des Dieux est une oeuvre qui vous envahit non pas avec une entrée en matière fracassante mais petit à petit. C'est une ascension progressive vers des émotions de plus en plus profondes est dont l'écho résonne de plus en plus fort. Le scénario est également porté par des dialogues plutôt bien tournés et doublés à la perfection. Sur le fond, les bases sont solides et tout laisse présager une oeuvre à venir qui ne cessera de s'épanouir et gagner en maturité. De la première à la dernière séquence Le Sommet des Dieux est dessiné par le regard d'un authentique cinéaste.

 

Nous arrivons sur la forme et là, je n'ai aucune réserve.

C'est absolument somptueux. Je n'ai jamais vu la montagne aussi bien représentée dans une oeuvre d'animation. Que ce soit dans son immensité et sa majesté ou dans ses ombres et gorges menaçantes. Le froid, le blizzard, le vertige tout nous étreint. Ce qui sépare un bon faiseur d'un futur grand c'est bien sûr l'écriture et le rythme mais surtout le sens de l'atmosphère. Et  tout l'univers visuel et sonore qui s'exprime ici, direction artistique, montage et musique, est au service d'une ambiance de plus en plus enveloppante et envoûtante. C'est, dans l'idéal, un film à découvrir sur le plus grand écran possible mais la home-expérience ravit.

 

On quitte Le Sommet des Dieux avec non seulement la sensation d'avoir vécu un grand moment d'animation mais d'avoir reçu une oeuvre importante.

Récompensé du César du meilleur film d'animation on peut espérer et imaginer raisonnablement que Patrick Imbert aura les coudées franches pour avoir les moyens de ses ambitions et conduire dans les meilleures conditions un nouveau projet que j'attends déjà avec impatience. Pour sa première réalisation, je salue bien bas le talent, le courage et l'ambition. Et merci pour cette immense bouffée d'air réveillant l'ADN et le muscle premier de toute aventure : le coeur de l'homme.

 

 

 

Francisco, 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

   

 

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2021

 

1h35

 

Le Blu-ray :  Aux sommets du support. Une haute précision qui dresse un autel à la pureté du trait qui façonne ce métrage.

 

 

  

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16/03/2022
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