LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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WIND RIVER, "Luck don't live out here"

Polar   Drame

Taylor Sheridan                                                                           

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C'est l'occasion. 

Profiter de mon quasi-confinement (je sors encore deux-trois fois par semaine pour un reportage d'actu) pour m'organiser à la maison quelques cycles. Des soirées cinéma au salon auxquels assistent ma Puce bien-aimée et, parfois, mes deux chiens.

Je vous avais déjà précisé par le passé que mon vieux lévrier est très fan du cinéma américain des années 70 et des trucs un peu barrés. Mon Jack-Russell, lui, préfère les films plus speed. Westerns, polars, films d'action et Marvelades (ce qui me va très bien aussi). Bon, à présent un peu de sérieux parce que là je vais vous causer du grand Taylor Sheridan.

Ce type à la superbe dégaine de cow-boy fait aujourd'hui partie des bienfaiteurs du cinoche américain de ces dernières années. Cet ex-acteur ayant trainé ses guêtres dans nombre de séries américaines durant les années 90 et 2000 à eu l'excellente idée de prendre la plume. Et quelle plume ! Trempée dans le réel, elle dessine, sans gros sabots et avec un sens du dialogue bien affûté, cette Amérique des oubliés et les cancers qui rongent cette nation au bord du gouffre. Ce qui provoque mon enthousiasme est que cette écriture expose tout cela avec une efficacité et une élégance westernienne du meilleur goût. Les personnages de Sheridan sont instantanément iconiques et inoubliables.

 

Le grand Taylor a ainsi débarqué dans mon paysage cinéphile en 2015 avec Sicario, Une bonne vraie claque mise en scène par ce génie de Villeneuve. Trois ans durant, les scénarios en acier trempé de Sheridan, dégraissés et dotés de personnages profondément ancrés dans leurs paysages ont accouché de trois grands films. Un an après Sicario surgit le sublime et mélancolique Comancheria puis s'impose en 2017, l'intense et bouleversant Wind River ! Le scénariste devient alors réalisateur. Quelle cohérence. Il nous livre une authentique trilogie sur les grandes maladies des USA. Et plus largement celles de nos fragiles sociétés édifiées comme des châteaux de carte. Faillite, pauvreté, drogue et violence.

-  This isn't the land of waiting for back up. This is the land of you're on your own 

lance, désabusé,  le flic de la réserve à l'agente du FBI.

 

 

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Délaissant le Nouveau Mexique et les plaines du Texas et transcendant une nouvelle fois le genre du polar, Sheridan nous ouvre cette fois les portes d'une réserve indienne. (Cette population des origines, que l'on appelle aujourd'hui cyniquement et hypocritement 'Native"  sans lui en laisser les droits, en connait un rayon côté confinement. Encore une amérique cachée dont on ne rapportera sans doute jamais les chiffres du COVID 19. Cette saloperie microscopique devrait là-bas, compte tenu des conditions de vie et des structures hospitalières disponibles, y prendre ses aises) Ouais, c'est ça, fermons la parenthèse.

 

Retour à Wind River.
Ici, en quelques plans, des mobile-homes défraichis, un drapeau américain pendouillant à l'envers, le scénariste ici réalisateur nous offre un nouveau polar-western sur un univers en perdition.  Cory, le personnage principal royalement campé par Jeremy Renner est le digne descendant d'un Jeremiah Johnson ayant épousé la cause de cette nation délaissée. Marié au paysage, cette figure solide portant le deuil incarne "le dernier rempart". Un juste réparant et protégeant ceux-là même que ces ancêtres ont piétinés puis parqués comme des chiens. 
Wind River a l'immense mérite de mettre à jour le scandale oublié des médias des nombreuses disparitions et assassinats de jeunes amérindiennes. Il n'y a pas que chez les "méchants Mexicains" que les jeunes filles disparaissent. L'amérique protège aussi ses monstres. "Le massacre continu" nous murmure Sheridan. Ici le symbole s'impose. L'ennemi est chez ceux qui pompent "le sang de la terre". 

 

Comme dans tous les films portant l'estampille Sheridan tout ici est élégamment produit. Soutenu par la photographie impériale de Ben Richardson, le spectacle, situé au coeur des montagnes de l'Utah, en impose. Pour sa première réalisation, Sheridan affirme un sens évident de la mise en scène. Son découpage et son sens du timing respirent la maîtrise. Sur la forme, Wind River s'impose dès ses premières minutes comme un grand film.

 

 

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Coté casting, aucune fausse note. 

Aux cotés d'un Renner au regard "habité" retrouvant la fièvre de ses années "Démineurs" on retrouve l'irrésistible Graham Greene (inoubliable "Kicking Bird" de Danse Avec les Loups) et l'ex midinette Elizabeth Olsen, loin (très loin) de démériter dans ce courageux contre-emploi. Et puis, attention mention spéciale, on retrouve Gil Birmingham (l'acolyte de Bridges dans Comancheria) qui dans le rôle du père de la victime est tétanisant de douleur et de colère contenues. Ses apparitions au centre et à la fin du film placent le récit à des hauteurs stratosphériques. Évidement, Wind River est bien plus qu'un polar.

Cerises sur le gâteau et déjà à l'oeuvre sur Comancheria Nick Cave et Warren Ellis nous laissent en suspension avec leur BO inspirée. Touche finale d'un authentique tableau de maître qui captive, explose et nous abandonne le coeur éprouvé dans les bras d'une humanité blessée, endeuillée mais trouvant sa résilience dans cette déchirante endurance au malheur propre aux "survivants".

Wolves don't kill unlucky deer. They kill the weak ones. You fought for your life, Jane. And now you get to walk away with it.

 

À l'oeuvre ces trois dernières années sur l'épique et trépidante série Yellowstone avec le king Costner (Saga sévèrement burnée aussi bien côté filles que garçons et développant un art du casting totalement jouissif, on parle du grand Harrison Ford dans un presquel à venir) Taylor Sheridan, bienfaiteur d'un cinéma américain intelligent et musclé devrait revenir au grand  écran cette année avec Those who whish me Dead. Encore une histoire de morts, d'endurance, d'héroïsme désespéré et de nature sauvage. En attendant, découvrez ou redécouvrez Wind River. Cette nouvelle séance confirme pour moi son statut de classique indéboulonnable .

 

 

Francisco,

 

  

 

 

 


 

 

  

 

Découvrez également la Wind River chronique signée OneLove !

 

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2017

 

1H45

 

LE BLU-RAY      Une HD de compétition. Un luxe de détails qui souligne l'admirable direction artistique de cette oeuvre "paisiblement spectaculaire"

 

 

Director:

 Taylor Sheridan

 

Writer:

 Taylor Sheridan

 

 

  

 

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24/04/2020
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