LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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TWIXT, le jardin secret de Coppola

Poème gothique     Drame     Fantaisie cinématographique                
Francis Ford Coppola
 

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(Parcours d'un géant)

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Twixt.

Fantaisie gothique, comédie macabre, hommage au cinéma de Meliès à Corman. Un cinéma de magicien de première fraîcheur où seule gouverne l'imagination.Voici le dernier Coppola. 

 

Inclassable. Déroutant. Film d'horreur? Enquête policière? Rien et tout cela à la fois. Vous êtes bien hors des sentiers battus. Un chouette ovni cinématographique naviguant en poésie sur les épaules d'un Val Kilmer plus Brando que jamais et porté par la grâce d'Elle Fanning. Succombez au charme ou restez à la porte. Il n'y aura pas, hélas, de juste milieu. L'oeuvre-fugue d'un cinéaste aux mille vies qui flirte aussi avec l'autobiographie. Une rêverie qui médite et interroge avec une saine radicalité l'inspiration, références et résonances qui habitent chaque créateur. Une liberté de ton et de style que l'on peut glisser sans peine dans notre rubrique "Hors-piste" où naviguent les oeuvres de Lynch ou Refn. Et en plus, c'est beau à regarder. Visuellement, le film est d'abord une oeuvre-laboratoire pour un Coppola en phase "expérimentale", avide de retrouver l'éternel étudiant qui sommeille en lui. Tourné en numérique les premières séquences de rêves vous emporteront à l'opéra de la HD. 

Toujours envie de vous y promener?

 

 

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Twixt est la troisième "escapade artistique" signant retour de Francis Ford Coppola derrière la caméra. Après l'Homme sans Ages et  Tetro. Voici la dernière étape du parcours d'un cinéaste inclassable. Elle boucle ainsi une trilogie où le réalisateur d'Apocalypse  Now,  Le Parrain ou Rusty James se réinvente "étudiant". Suivons les traces du géant...

 

Ainsi Le boss des années 70, aux cotés de Scorcese, De Palma, Spielberg et Lucas, est donc redevenu aujourd'hui un jeune cinéaste. Bien différent de celui qui a ouvert un nouveau chapitre dans l'histoire du cinéma Américain avec Le Parrain. Fresque criminelle opératique, alignant ses scènes cultes de minutes en minutes. Coppola devient le pâpe des réalisateurs après ce coup de génie qu'il sublimera dans un second volet encore plus sombre et passionnant.

Quelques années plus tard il prendra de nouveau tous les risques et mettra le feu à l'histoire du cinéma mondial avec une oeuvre-monstre, hors-norme. Le réalisateur-ogre, à l'ambition sans limites, se perd corps et âme dans la jungle, au coeur des ténèbres, pour accoucher d'un diamant d'une noirceur abyssale. Apocalypse Now est, à ma connaissance, le seul film d'un tel budget et d'une telle envergure à émerger victorieux sur tous les fronts, succès public et critique, du chaudron de l'enfer et de la folie.

 

 

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Autant d'oeuvres gigantesques. 

Démonstrations de force, Miracles d'interprétations, vivier de monstres sacrés et leçons de montage. Épuisé par "son Vietnam" Coppola devra ensuite se confronter à l'échec cuisant de l'attachant Coup de Coeur, rêverie musicale éclairée aux néons de Vegas, au début des années 80. Une "féérie contemporaine" qui ne séduira qu'une poignée d'afficionados. Suite à cette apocalypse critique et financière, Coppola va perdre ce qu'un authentique créateur a de plus précieux. Son indépendance. En faillite, il conserve sa place de maître dans l'esprit des professionnels comme des cinéphiles mais il est désormais lié par contrat aux grandes majors. Il fait figure de légende, acquiert même le statut enviable d'artiste maudit, mais il doit "s'exécuter".

Les deux décennies suivantes il ne cessera, éternel phoenix, de se réinventer. Il s'acquitte donc de ses films de commandes. Le désolant Jack. Le sympathique Peggy Sue s'est MariéeUn Dracula au gothique flamboyant mais dévoré par ses propres excès et peinant à conserver sa virtuosité sur la distance malgré la performance de Gary Oldman. Il prendra le temps, malgré tout, d' enfiler quelques perles : Jardins de Pierre, Outsiders et le fascinant Rusty JamesOeuvre en noir et blanc d'une poésie folle révélant un monstre de charisme : Mickey Rourke et réaffirmant Coppola comme éternel précurseur. Son doute son dernier chef-d'oeuvre.

 

 

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Au milieu d'oeuvres parfois décevantes, le magnifique et mélancolique"Tucker" fait alors figure de film-miroir. Il m'apparait difficile de ne pas reconnaitre Coppola himself dans ce portrait d'un génie de l'automobile sacrifié dans un pure logique mercantile par les lobbies féroces de la concurrence. Ainsi tout au long de sa filmographie de géant blessé au détour de séquences extraordinaires, expose son incroyable talent de metteur en scène et exprime les douloureux conflits qui l'entrave. (Cotton Club est l'exemple parfait d'une moitié de grand film s'achevant paresseusement)

En 1990 il tente de renouer avec le succès en ranimant un fantôme du passé. Le troisième volet du Parrain  passera comme une ombre sur les écrans. Un échec limite pathétique que l'on peinera toujours à raccorder aux deux premiers chefs-d'oeuvre tant la narration reste laborieuse. Après deux heures d'une mise en scène quasi-scolaire, seule la dernière demi-heure opératique parviendra à évoquer la source du mythe... Voilà. Coppola se libère  ensuite de tous ses engagements en 1997 avec l'oubliable Idéaliste (triste paradoxe) Ensuite, c'est le grand break. Il disparait pendant dix ans. Au coeur de ses vignes. Tel Don Corleone en son jardin.

 

 

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2007. Premier signe de réveil.

L'homme sans âge. Coppola revient par la petite porte. Avec ce film "de laboratoire" dans lequel il se livre a des tas d'expérimentations visuelles et narratives. Un film d'étudiant bourré d'idées, passionnant mais étrangement maladroit. Un spectacle déroutant mais en un sens "miraculeux". Coppola est bel et bien devenu cet "Homme sans âge" qui, à presque 70 ans, a retrouvé fraicheur et naïveté. En 2009, Tetro, le confirme d'une manière plus éclatante. Véritable double littéraire, au noir et blanc somptueux et à l'atmosphère fascinante du Rusty James des années 80. Un Vincent Gallo, inspiré et magnétique,  réfugié en Argentine, fuit un secret de famille dévastateur et tente d'échapper à l'emprise d'un père écrasant. Là encore Coppola s'offre totalement et le résultat reste une oeuvre aussi sincère que singulière, largement au-dessus du tout-venant, même si le récit comme la mise en scène ne se déploient pas avec la même fluidité que celle, aérienne, de son glorieux aîné.

 

 

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Restait une dernière blessure à évoquer. La plus douloureuse de toutes. La perte de son fils survenu durant le tournage de Jardins de PierreTwixt, dans son final renversant,  l'évoque de manière presque directe. Cette dernière oeuvre participe donc bien de  cet exorcisme poétique. Une nouvelle page va t'elle se tourner? Coppola a t'il signé là son testament?

Dans un Blu-ray au transfert magnifique, Twixt sera peut-être la dernière occasion de pousser la porte du jardin secret d'un géant du cinéma. Un ex-ogre devenu un merveilleux conteur, un peu farceur, enfin débarrassé de ses démons. Le voir tourner avec autant d'appétit suffit à mon bonheur.

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

Inside  

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2011

 

1H30

 

 

Le Blu-ray :  C'est magnifique. Les premières scènes de rêves vous emportent à l'opéra de la HD. Les couleurs explosent. Pour qui aime ce splendide ovni l'extase est continue. 

 

 

Director:

 

 

 

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09/03/2015
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