LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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THE WITCH, mea carrément culpa...

Horreur                                            

Robert Eggers

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Je voudrais faire mon mea-culpa.

Car, oui j'ai péché. Une semaine durant j'ai laissé entendre aux copains ainsi qu'à l'internaute, égaré sur la page d'accueil de mon blog, que The Witch comme "film d'horreur avec un cerveau et un vrai regard de cinéaste offrait une expérience cinématographique de première bourre". Je laissais donc entendre que je l'avais vu. Aujourd'hui, je dois avouer que c'est uniquement en voyant l'admirable bande-annonce que je me suis dit que ce truc là était forcément une date dans l'histoire du cinéma d'horreur.

 

Oui je me suis contenté de ces deux minutes pour vous inciter à acheter The Witch. Oui, j'ai menti honteusement en laissant croire que bien-sûr j'avais déjà vu ce truc génial... tout persuadé que j'étais qu'une telle bande-annonce ne pouvait être extraite que d'un authentique chef-d'oeuvre. Et oui, les yeux fermés, je l'ai acheté. Et comme je m'étais engagé à en faire la chronique je dois vous confesser que plus d'une heure durant j'ai été puni.

 

 

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Peut-être, fidèle lecteur, aimeras-tu ce film que j'ai trouvé poseur et austère jusqu'au grotesque car de nombreux critiques se sont mis à genoux. Étais-je vraiment disposé, étais-je mal luné?! Globalement, je ne peux pas nier qu'au terme de ma séance familiale, une immense et profonde déception prédomine.

Par contre, j'ai a-do-ré le premier quart d'heure.

Ça, je ne vais pas vous cacher que pendant quinze bonnes minutes je me suis répété que "ouais, il en a du flair le Francisco...hé hé..." Rythme parfait. Atmosphère aux petits oignons. Des ellipses de montage habiles et classes comme tout et une sorcière particulièrement flippante. Jusque là, nickel.

 

Mais ensuite tout s'arrête et le second quart d'heure va alors se mettre à ressembler au troisième et ainsi de suite jusqu'au final, brusquement réussi. Entre cette glorieuse ouverture et ce grandiose baisser de rideau, ça traine, ça prie, ça bêle, ça culpabilise à fond, ça commence à crier, ça re-prie et puis, forcément, ça finit par hurler. Tout cela m'a copieusement emmerdé mais je suis resté. Parce que c'est très beau à regarder. Mais vraiment. La photographie est absolument somptueuse. Lugubre et désaturée en forêt et digne de tableaux de maitres dès que la nuit tombe et que s'allument les bougies.

Ouais, c'est clair que c'est sublime.

 

 

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Contrairement à ma petite chérie qui est parti se coucher en baillant aux corneilles au bout d'une heure, je ne trouve pas que les acteurs soient à côté de la plaque. Ils en font juste des caisses, chacun dans leur registre. Les gamins se débrouillent plutôt bien, notamment le garçon, et la jeune fille au regard étrange reste bien mystérieuse tout du long. Non, ce sont les parents que j'ai trouvé chiants comme un jour de pluie en Nouvelle Angleterre au 17ème siècle. Le père avec sa voix d'outre-tombe et la mère qui n'en finit pas d'être éplorée. Ok, ce qu'ils vivent n'est pas très très drôle. Ok, ils sont dévots et on sent bien qu'ils sont là pour développer le côté parabole de l'oeuvre, mais bon. Ils sont quand même les porte-paroles d'un sacré message : " Voici un film de trouille mais, attention les bourrins, c'est aussi une critique enragée des dérives du puritanisme radical". Et pas seulement celui des premiers temps du Nouveau Monde. Parce que si il y a quelque chose de pourri au royaume de Mickey et Donald et ce depuis l'époque des premiers colons, semble chuchoter ce conte macabre, le clin d'oeil aux dérives religieuses actuelles est évident.

 

Seulement voilà, tout cela c'est bien mignon mais la bascule dans la folie furieuse de tout ce joli microcosme cadré à la Flamande se déroule d'une manière tellement prévisible et "so Arty" que, je vous le donne en mille, ça a pas loupé, j'ai fini par être agacé. Surtout que là, on ne parle pas de VOD mais de Blu-ray et que le film je l'ai acheté (C'est sûrement aussi pour cette raison que je suis allé au bout) persuadé, comme je le notais plus haut, de tenir là "une date dans l'histoire du cinéma d'horreur".

 

Au final, je reconnais qu'étant donné le caractère bien lent et austère de l'ensemble, l'étirement des scènes, l'esthétique admirable du métrage, tous ces visages éplorés et ces minutes finales absolument brillantes, The Witch peut facilement passer pour un chef d'oeuvre. On sent bien, d'ailleurs, que le réalisateur voulait absolument en faire un. Et forcément, tant d'ambition, ça peut émouvoir. Je suis même sûre qu'il y a trente ans, dans le cadre d'une sortie universitaire, j'en serais sorti extatique. J'aurais été boire une bière avec mes potes et j'aurais répété toute la soirée

"Hé les mecs, ce truc, vous allez voir, ça va être une date dans l'histoire du cinéma d'horreur"

Ce qu'on va faire, c'est qu'on va se donner rendez-vous dans dix ans et on verra déjà si cette chronique sera devenue celle d'un bon gros naze ne sachant plus goûter aux profondeurs du grand cinéma.

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2015

 

1H30

 

LE BLU-RAY        C'est très beau. Le numérique tutoie ici la sensation argentique par la volonté de créer des tableaux. Couleurs désaturées pour la vision lugubre d'une Nouvelle Angleterre menaçante et ténébreuse et quelques clair-obscurs éclairés à la bougie dignes de toiles de maîtres. Sur la forme, rien à dire. Je vais le garder quand même mon Blu-ray.

 

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23/10/2016
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