LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

SECTION ZÉRO, c'est quoi qu'a merdé?!!

Série     Anticipation        Post-apo                    

Olivier Marchal

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Putain, chui triste, Olivier.

Déjà que ces derniers temps, l'inspiration en berne et un paquet de films moyens mal digérés,  je commençais à me dire que Les Chroniques allaient bientôt baisser le rideau, voilà qu'arrivait dans les bacs, servi par un irréprochable Blu-ray, le résultat encore tout chaud d'un projet formidable dont je saluais d'emblée l'ambition. Section Zéro, c'était enfin pour moi la promesse d'une bonne série d'anticipation post-apocalypse made in France, signée par un réalisateur dont j'admire la totalité de la filmo, et porté par un pur casting "d'acteurs à gueules".

Décors de dingue, déniché au fin fond de la Bulgarie. Photographie affutée, signée du fidèle Denis Rouden. Du cuir. Des rôles féminins qui envoient. Des flingues. Des bastons joyeusement emballées. Et, côté références, Marchal tapait allègrement dans le must du must "Blade Runner, Les fils de l'Homme et le premier Mad Max". Pas de doute, j'étais là au pays merveilleux du bon et du solide. Bien en place sur l'autoroute d'un grand kiff annoncé. J'ai acheté la série les yeux fermés et en Blu-ray. Puis j'ai regardé. Jusqu'au bout. Péniblement. Alors ...
c'est quoi qu'a merdé ?!?!!!!

 

 

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Vous avez vu ce pur colosse?

Ola  Rapace, souvenez-vous, c'était le mec qui mettait la misère à James Bond au début de Skyfall. Je comprends l'enthousiasme d'Olivier Marchal en imaginant ce mec aux commandes.  Carrure imposante. Présence sombre. Je jubilais d'avance... À l'arrivée, encéphalogramme faiblard voir quasi plat.

Tout du long Ola nous joue à l'excès le regard du type borderline mais, rien à faire, je n'y ai pas lu la moindre flamme. Or, le charisme c'est d'abord une histoire de regard. Si Mel Gibson foutait le feu dès le premier Mad-Max c'était bien avec ses grands yeux clairs où se lisait, dès sa première apparition à l'écran, toute la folie à venir. Ola, affiche ici un regard opaque. Imperméable.

Durant les premiers épisodes, la série semble d'ailleurs glisser sur lui sans jamais parvenir à en faire un personnage. Constat douloureux, quand on parle de celui qui est censé incarner le pilier de la série. Il faut attendre l'épisode 4 pour qu'enfin l'émotion pointe. Mais déjà un(e) autre personnage à prit les devants (je vais y revenir)

Et puis il y a l'écriture...

 

Ok, le récit empile tous les clichés du post-apo. Toutes les critiques ont dit cela et ils ont globalement raison. Mais, franchement, dans le domaine du cinéma de genre, les clichés sont comme des balises dans la tempête. Quand t'en repère aucune c'est que t'es perdu. T'es plus dans du cinéma de genre. Tiens, Le Livre d’Eli, par exemple. Voilà un conte post-apo bourré de clichés avec un joli paquet d'incohérences mais que je savoure pourtant à chaque fois. Tout porté qu'il est par les prestations dantesques de Denzel et Gary et une direction artistique à tomber.

C'est ça le truc. Dans le cinéma de genre, le héros doit envoyer du lourd et le reste n'est que jouissance formelle emporté dans une valse gracieuse avec tous les codes. Donc, de ce côté-là, aucun soucis. Le Héros au background lourdingue, la société titan qui gère tout, les ghettos de riches et de pauvres, le méca (mi-homme, mi machine) parasité par le retour d'une conscience, pas de soucis, j'encaisse sans problème.

Plus problématique est le déroulement de l'intrigue qui, sur les premiers et laborieux épisodes, est à peine plus transcendante qu'une vulgaire enquête de série policière. Il faut attendre les trois derniers (plutôt réussis d'ailleurs) pour que l'ensemble brasse enfin de l'épique et de l'universel et justifie alors le recours à l'univers post-apo. Mais là encore, malgré la relative banalité de l'enquête, on aurait pu s'emballer. Non, ce que j'encaisse pas du tout ce sont : LES DIALOGUES !!!??? 

Des tirades improbables, pour ne pas dire à chier.

Répliques interminables, sans nuances et lourdement explicatives. Des phrases que l'on ne sortiraient jamais dans la vraie vie. Des trucs que l'on pourrait trouver dans des courts-métrages tournés en milieu scolaire sur le thème "imaginez un monde de demain régit par les multinationales". Des extraits de rédactions de premiers de la classe, rédigés la langue sortie, et qu'on ne peut réciter au final qu'en jouant très mal. Comment un esprit farceur et maléfique a pu ainsi se glisser dans la plume de ce grand monsieur qui a écrit 36, MR 73 et Les Lyonnais (merveille d'écriture si il en est), l'ex flic qui, à lui tout seul, a décoincé le polar en France au début des années 2000 ?

On parle ici d'un réal que j'adore. Je pourrais cogner sur tous ses détracteurs. Comment, Olivier, as-tu pu rédiger tout ça sans que personne de proche n'ai osé t'avertir. Comme j'adore tes films et l'homme que tu es, voilà ce que je t'aurais dit :

 

- Écoute Olivier, ton histoire, le post-apo, les décors, tout ça c'est génial mais je crois qu'il faut qu'on retravaille les dialogues. Déjà on va en enlever la moitié. Parce que le silence c'est beau et que dans ton cinéma les silences flambent. Ensuite on va casser les phrases. Les débarrasser de tout le verbiage et la littérature. Ça n'a rien à foutre là. Parce que dans ton histoire le monde s'est complètement cassé la gueule. Alors on va dégraisser. Et quand on aura nettoyé tout ça, l'intrigue paraitra plus claire, les acteurs pourront se lâcher et tout ça va alors avancer tout droit et à fond vers l'enfer. Et, tiens, au lieu de huit on va faire six épisodes bien dantesques !"

Tout ça pour dire que du coup, avec des textes pareils, tout le monde se met à jouer très mal. Ou presque. Car, si les uns se font plaisir en cabotinant à tout va et que les autres rament un peu, Il y a une grande rescapée : Catherine Marchal !

 

 

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(J'avais promis d'y revenir)

Elle EST Elie Klein.

Femme flic, qui va en prendre plein la gueule mais avec une classe folle. Si j'ai regardé la série jusqu'au bout c'est en grande partie grâce à elle. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si sont rôle s'étoffe au fil de l'intrigue. Elle prendra vite l'ascendant sur le "héros" du show. Logique implacable.

C'est le seul personnage qui fonctionne tout seul. Autour d'elle les autres semblent faire de la figuration. Face à la justesse et l'économie de son jeu, tous donnent l'impression d'en faire des tonnes. Catherine a dans le regard ce petit plus qui font les plus grandes actrices. Elle peut alors jouer "pleinement sur la réserve' car tout le désespoir et la mélancolie du monde de Section Zéro passe dans ses yeux. Elle règne ainsi sans partage sur une bande d'acteurs complètement à coté de la plaque.

 

J'ajouterai également quelques mentions spéciales. Laurent Malet, survivant du cinéma arty des années 80 (Querelle, Invitation au Voyage), dans le rôle d'un Daniel-Auteuil-de-MR73, du futur. Prestation honorable et j'étais franchement content de revoir cet acteur. Et je n'oublie pas l'actrice qui joue le beau personnage de Cheyenne. Juliette Dol. Retenez bien son nom et son visage. Une belle découverte et du charisme à revendre.

 

 

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Passons au Bad guy.

Pascal Grégory. Pure gueule de cinoche. Trop rare à l'écran. Seulement voilà, je crois que c'est lui qui a les pires lignes de texte. Donc, dès qu'il parle, au lieu de glacer le sang, on s'attend à entendre une explosion de rires enregistrés à chaque fin de réplique. C'est pas bon du tout pour un type qui commet les pires atrocités avec ce flegme ultra-britannique, certes cliché mais tellement élégant.

Alors oui, c'est facile pour moi de dire ça. Le cul dans mon fauteuil, devant mon ordi. J'imagine, qu'après des mois de repérages dans des régions froides et toutes grises avec même de la pluie puis les cadences de tournages intenses des prods télé, il est logique de ne plus avoir aucun recul et d'avancer comme un taureau dans l'arène.

 

Je crois que scénariste, dialoguiste et réal c'est trop pour un seul homme.

Quant on voit les véritable bataillons de scénaristes-dialoguistes qui portent les grandes séries américaines, ou chacun développe ses propres personnages, tout cela créé forcément une interactivité qui lève les aberrations d'écritures, les incohérences et fabrique une dynamique qui ressemble à ce qui se passe dans la vie quand plusieurs personnes se croisent. Ce naturel et cette efficacité dans l'écriture et le jeu, que l'on envie aux prods US.

 

 

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Pourquoi est-ce arrivé ?

J'ai une théorie qui vaut ce qu'elle vaut :

 

La rage.

Olivier Marchal a écrit tout cela dans un état de rage et de désespoir bien épais. Cette rage est bien réelle et vraiment sincère. Elle nourrit la violence graphique et morale de l'univers de Section Zéro. Mais la rage est dangereuse quand on écrit et que l'on construit. Selon moi cette rage à aveuglé Olivier Marchal. Sa haine du monde tel qu'il est aujourd'hui s'est déversé ici sans filtre. Il y a tout mit sur la corruption et la faillite du système et n'a pas assez partagé ce louable cri de haine au moment d'accoucher du scénario. Le résultat ressemble trop souvent à un coup de poing balancé sans recul ni mesure. 

 

Alors, qu'est ce qu'il reste?

Un projet dément, malgré tout mené à terme. Bravo pour ça. 

Même si la déception est là, sur l'action je m'incline. Je souligne quelques magnifiques fins d'épisodes en musique où, tout à coup, la magie opère. La dimension opératique s'exprime pleinement. À ce sujet, je cite, de mémoire, la fin de l'épisode 4 où, sur la sublime version de The Cold Song d'Henri Purcell version Klaus Nomi, les personnages accèdent instantanément au statut d'icones.  Magique.

À défaut d'une écriture et d'une direction d'acteur lucides, on a droit du début à la fin à une belle réalisation avec des scènes d'actions soigneusement découpées. Du travail de pro. Les décors sont top. Hormis le survol inaugural qui sent à plein nez le CGI, nous entrons dans un univers qui transpire le réel et affiche des tableaux d'apocalypse qui envoient du lourd. Les gueules, les fringues et les bagnoles sont usées. à point. Bravo pour la direction artistique. Et puis, si tout cela vous semble encore trop artificiel, n'hésitez pas à tenter l'aventure autrement...

 

Je m'explique:  Fruit d'un ennui poli, je dois vous confier que je me suis amusé, vers la fin de la série, à basculer tout ça en noir et blanc. Bien tenté que j'étais par cette image puissamment contrastée et détaillée. Et là. La claque. Petite épiphanie. J'ai alors ouvert grande ma fenêtre et j'ai gueulé :  

L'image de Section Zéro en noir et blanc est magnifique !

On s'en branle Francisco !  

ont répondu aussitôt les voisins.

Sérieux, tout prend aussitôt une puissance incroyable. 

On bascule dans une autre dimension. Vu le succès tout relatif de ce blog et de la série en question, on peut se l'avouer entre nous, l 'aspect délibérément stylisé et radical du noir et blanc ferait presque mieux passer le coté récitatif des répliques. Nous voici d'un coup sur la scène d'un théâtre de la cruauté ou se combattent de manière franche l'ombre et la lumière.

Peut-être aurais-dû tout regarder comme ça...

Ouais, allez tiens, c'est ça, oubliez ma chronique sur cette série merdique et tentez ou re-tentez l"aventure en noir et blanc !!!

Section Zéro...   J'aurais tellement aimé t'adorer.

 

 

 

Francisco,

 

 

  

 

 

 

Chroniques Marchal 

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2016

 

 

8 X 50 mn

 

 

 

 

LE BLU-RAY       Du tout bon. Le niveau de détail réjouissant et les couleurs ravissent. Piqué et contrastes solides assurent une image acérée (si vous osez une bascule en noir et blanc le résultat est assez bluffant) Une image digne d'une production ciné.

 

 

 

 

Réalisation:

 

Acteurs:

 

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30/04/2016
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