LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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PHANTOM THREAD, haute couture

Drame

Paul Thomas Anderson 

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Comme un ballet.

En quelques plans l'univers du couturier Reynolds Woodcock est posé.

Luxe, ordre et rigueur. Précision des gestes, cadence musicale, l'entrée en scène des ouvrières et du "chef d'orchestre" soulignent un rituel au métronome. Du premier au dernier plan, Phantom Thread souligne l'élégance absolue du personnage central, véritable double d'un réalisateur également scénariste et directeur photo. Paul Thomas Anderson, maître de cinéma, livre un portrait-miroir qui témoigne ici de la "condamnation à l'excellence". Cette exigence parfois dévastatrice d'être et de vouloir rester au sommet de son art. 

 

Dix ans après le monumental et terrassant There Will Be Blood le cinéaste de génie retrouve Daniel Day Lewis pour une nouvelle composition opaque et magnétique.

Un nouvel opus dédié aux mystères et secrets des êtres. Cette étrange et insaisissable mécanique de l'âme lorsqu'elle s'abandonne à sa mission ou son art. Une nouvelle trajectoire obsessionnelle contrecarrée par les tourments et tumultes du sentiment amoureux. 

 

 

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Ici le maître couturier et son modèle s'épousent, s'affrontent, s'inspirent et s'éprouvent.

Chacun lutte pour conserver son territoire sans jamais se libérer de l'emprise mutuelle. Sous la doublure des plus belles parures se brodent secrets et douleurs. Une nouvelle fois chez le réalisateur de Magnolia et Boogie Nights, tout est dit de la fragilité des êtres, l'inexorable faillite du contrôle et du pouvoir gangrénés dans leur propre mouvement par la pulsion du mort à laquelle seul se mesure le poids de nos vies. Et tout cela sous le luxueux ouvrage de la haute couture.

 

Il fallait tout le talent de l'immense Daniel Day Lewis, qui signe ici ses adieux à un grandiose parcours d'acteur pour délivrer toutes les subtilités, ombres et lumières, d'un tel tableau de l'âme. Face à lui, l'actrice Vicky Krieps exprime à merveille ce mélange parfait de naturel un peu gauche sous l'enveloppe d'une silhouette impériale. Une contradiction contrariant l'aspiration à la perfection du maître mais susceptible d'apporter cette touche de vie et d'insolence qui, en bousculant sa création et son inspiration, est porteuse des germes de leurs renaissances. Parce que l'art se meurt si il ne se renouvelle pas.

 

La muse côtoie la soeur, véritable gardienne du temple et garde-fou royalement incarnée par Lesley Manville. Le combat silencieux des deux femmes suit une trajectoire fascinante, les deux oeuvrant au final à la survie d'un micro-univers dont elles sont dépendantes. Ce trio compose un tableau universel de la complexité des relations humaines, dévorant autant qu'elles nourrissent l'art, le coeur et l'esprit.

 

 

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Phantom Thread fait déjà partie des grands classiques du septième art.

Une oeuvre singulière et incontournable dont le récit comme les dialogues ne sont jamais prévisibles. C'est le songe d'un génie, un poème inclassable délivrant ses clefs au fil des revoyures et dont la perfection formelle, un tournage 35 mm à la photographie envoûtante, illustre à merveille l'élégance désespérée d'un personnage dont l'exigence comme l'élégance expriment la lutte permanente contre le chaos et le déclin.

 

L'immense acteur qu'est Daniel Day Lewis ne pouvait pas livrer meilleur testament que de s'abandonner avec un talent fou à cet hommage bouleversant à la beauté comme à la vanité de toute création. Éternel affrontement de la pulsion de vie contre la pulsion de mort. Chef-d'oeuvre.

 

 

Francisco, 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Doc


 

 

L'avis des lecteurs 

 

Fabienne 

 

"Quelle symbolique très forte que ce fil invisible, ce phantom thread...
Le grand art est exigeant...mais vaut-il la chandelle de TOUT lui sacrifier ? That is THE question...  
À l'inverse de ses rôles habituels, plutôt "rentre-dedans" à l'instar de There will be blood ou Gangs of New-York, il montre toute la finesse du jeu nuancé d'un maniaque de son métier...qui terrorise son entourage. Le bruit d'une simple petite cuillère tournant dans le café suffit à l'agacer...car dès le matin, tout son être est déjà tourné vers son métier...obsédant jusqu'à occulter la vie."

 

 

Chroniques     P. T. Anderson 

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2017

2H10

LE BLU-RAY             Du velours pour les yeux. Un transfert restituant à merveille la texture argentique du travail photographique du réalisateur-scénariste-directeur photo Paul Thomas Anderson. Grain subtil, détails et matières à foison. Une patine visuelle qui ravira les esthètes du 35mm. Nous sommes là dans la fine dentelle d'un écrin HD grand luxe.

 

Director:

 Paul Thomas Anderson

 

 

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09/01/2021
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