LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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OUTLAND, seul contre tous

SF     Western galactique

Peter Hyams

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Parce qu'il faut bien faire des choix

je ne conserve que les chefs-d'oeuvre à portée de regard. 

Aussi, l'autre soir, j'ai descendu ça du grenier. Pas un chef-d'oeuvre, donc, mais un chouette polar-western-SF pour lequel j'éprouve une tendresse toute particulière. Bon, il faut préciser tout de suite que le shérif de cette station minière de IO (troisième lune de Jupiter, pour ceux et celles qui n'y sont jamais allé) est royalement incarné par sir Sean Connery.

 

Alors fringuant quinquagénaire (le plus bel âge de la vie) ce bloc de charisme fut séduit par l'idée de tourner un remake du Train Sifflera Trois Fois (grand classique du western signé Fred Zinnemann en 1952 avec Gary Cooper) situé dans l'espace. 

Le scénariste et réalisateur Peter Hyams crevait lui aussi d'envie de réaliser un western mais Ridley Scott venant tout juste de révolutionner la SF avec Alien puis Blade Runner les producteurs ne se tournaient plus depuis longtemps vers les grandes plaines de l'ouest. Tout tendus qu'ils étaient vers les profondeurs étoilées de l'espace insondable, ils furent emballés par l'idée de transposer l'action du côté de Jupiter. La production fut donc lancée. Le concept, à priori bankable et rassembleur : propulser un grand et rassurant acteur de l'ancien monde dans celui, étouffant et angoissant, de demain. Et, pour moi, qui le découvrit sur grand écran à l'âge de quinze ans, l'alchimie fonctionnait et fonctionne encore à merveille ! 

 

Fort d'un bon budget de série B, une quinzaine de millions de dollars, Peter Hyams, habile artisan du 7ème Art (Timecop, La Nuit des Juges, 2010 ) allait être le premier à expérimenter un nouveau procédé d'effets spéciaux appelé IntroVision : ne me demandez pas d'entrer dans le détail mais disons que, pour la première fois, les acteurs allaient être filmés directement entre maquettes et effets projetés. Un procédé disparu avec l'arrivée des premiers effets numériques au milieu des années 90. Tout ça pour dire que, passionné par ce nouveau jouet, Hyams assura lui-même la photographie du film. Le générique présente Stephen Goldblatt comme chef-op mais celui-ci ne fit que de la figuration (une présence technique au cas où) Le résultat est là.

 

 

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Passé un titre générique qui annonce clairement la filiation avec l'univers Dark-SF d'Alien, Outland affiche une atmosphère effectivement claustro-poisseuse bien convaincante qui en impose encore aujourd'hui.

 

Aujourd'hui les effets numériques, CGI, parfois bluffants, permettent d'exposer décors et paysages gigantesques et délirants mais ils laissent parfois une impression de lisse transparence, à peine plus réalistes qu'une cinématique de jeux vidéo. En 1981 tout était fabriqué ou peint, en dur, bien réel. Tout "existait". Outland, qui ne rencontra pas un énorme succès et rentra péniblement dans ses frais à l'international, ravît désormais les nostalgiques et jouit du label "culte" pour cette raison. C'est un "vrai" film de SF. Il fait parti de ses titres que je louais avec mes potes en VHS pour nos longues soirées ciné du samedi soir. C'est bourré de charme.

 

On retrouve, certes désuet, le charme des maquettes sur les plans extérieurs, mais l'ambiance suffocante et métallique de ces décors de coursives entre cabines étroites, gigantesques dortoirs embrumés où s'entassent les ouvriers, cantine façon Alien et glauquissime bar à putes, tout ce somptueux travail de direction artistique participe pleinement à l'efficacité du scénario basé sur l'increvable, Universel et puissant concept du "Seul Contre Tous". En effet, dans cet enfer climatisé, perdu aux confins du système solaire, où un trafic de drogue, toléré par une direction totalement cynique et corrompue, shoote les ouvriers pour les rendre plus productifs, la noble figure de Sean Connery apparait comme la seule lueur d'espoir et de justice en ce très-bas-monde.

Shérif incorruptible, dopé à l'intégrité, seigneur du Self-Control,  père de famille aimant mais délaissé, Sean Connery, ayant développé avec l'âge la profonde humanité de son regard, fait merveille au milieu de ce cauchemar capitaliste. Il n'a aucune peine à incarner l'autorité. Comme le faisait , trente ans plus tôt, Gary Cooper.

 

 

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Je ne vais rien spoiler de l'intrigue, simple, claire et efficace, parce que j'aimerais bien que vous puissiez, un jour, jeter un oeil là-dessus. Le Blu-ray, encore dispo à l'import, est quasi introuvable en France mais si jamais vous tombez dessus en VOD ou physiquement, dans un vide-grenier ou une brocante, n'hésitez pas.

 

Vous vous taperez un bon vieux western de l'espace, de moins de deux heures, peuplé de seconds-rôles épatants, une impériale Frances Sternhagen en médecin à l'humour cash et un Peter Boyle que l'on adore détester. Une déclaration d'amour à la figure du justicier solitaire qui vous fera croire à la supériorité des "chevaliers" sur la technologie cynique des corrompus et maléfiques obsédés du profit et du rendement partis à la conquête de l'univers. C'est bon, c'est carré et ça fait du bien.

 

 

 

Francisco

 

 

 

 


 

 

 

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1981

 

1H45

 

 

LE (bon vieux) BLU-RAY :    Ok, on était là un peu aux origines du support bleu mais, quand même, cette copie d'un (presque) quarante d'âge, à l'étalonnage couleur bien rafraîchit, jouit d'une texture ciné à l'ancienne franchement charmante et agréable à l'oeil (Pour qui est nostalgique des soirées vidéos entre ados des années 80, ce transfert à même un petit côté "bonne vieille VHS" en mieux) Tout ça pour dire qu'il y a du grain, une vraie patine mais que c'est bourré de charme. Sans vrai piqué (les gros-plans en jettent quand même, parfois) mais sans baver et tout en douceur, voici une expérience SF 100% Sean Connery, maquettes et décors peints, garantie non aseptisée et sans CGI. Visuellement, it's alive ! et sur le plan sonore (je n'ai qu'une humble installation) le résultat me semble très correct. 

 

 

Director:

 Peter Hyams

 

Writer:

 Peter Hyams

 

 

 

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10/11/2019
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