LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

MR ROBOT, the world is a dangerous place

Série   Polar hacké    Fantastique Schizo    

Sam Esmail

***** 

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"...  There's a powerful group of people out there that are secretly running the world. I'm talking about the guys no one knows about, the ones that are invisible. The top 1% of the top 1%, the guys that play God without permission. And now I think they're following me."

 

 

Parano Circus.

Bienvenue dans le monde d'Elliot. Notre monde. Sans les oeillères.

 

Mr Robot, c'est d'abord un personnage. 

Pur génie de l'informatique. Hacker de premier ordre, Elliot peut lire votre vie comme un livre. Il peut tout hacker et hack tout le monde. Imaginez pouvoir ainsi tout décoder. Sans virer dans le complotisme de base, il y a de quoi flipper, non?. 

 

Connaître le secret des êtres et savoir qui tient véritablement les rênes dans ce monde à de quoi rendre n'importe qui totalement parano. Et Elliot l'est complètement. Il incarne à lui-tout seul la maladie de notre contemporain schizophrène. Cette opulente, vulgaire et hilare fin du monde écologique, économique et morale qu'une simple poignée d'humains riche à milliards impose aujourd'hui aux anonymes que nous sommes. Justicier déviant et asocial, Elliot s'affirme alors comme le digne descendant du Travis Bickle de Taxi Driver. Sauf que les temps ont changé et que notre numérique époque lui file entre les mains de quoi foutre le monde par terre... Mais d'un système à sa révolution, l'oppression demeure. Rage sociale, maladie mentale, les cinévores l'auront compris : Le 'Welcome to Fight Club!' de Fincher qui allait ouvrir un nouveau siècle de cinéma accouche aujourd'hui du "Fuck society" de cette fascinante série qu'est Mr Robot.

 

 

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Les clins d'oeil à Fight Club ne se cachent pas.

Ils sont bien présents, assumés et s'affichent dès le lancement du missile : La photographie ! Une image haute couture signée Tod Campbell (Stranger Things, Boyhood, The Affair) La série en reprend les teintes. De l'or fâné au bleu maladif. Une foule d'autres détails tant sur les personnages que dans la narration hackent allègrement le chef d'oeuvre atomique de David Fincher. D'autres références cinématographiques, littéraires et télévisuelles se lisent, et non des moindres (voir le bonus, plus bas, signé Wisecrack ) Le découpage chirurgical de certaines scènes et la froide ironie de l'ensemble n'est pas sans évoquer le cinéma de Kubrick.

Mais attention, la série tient debout toute seule grâce à ses interprètes et à une écriture ultra-documentée. Autant sur les troubles de l'identité que sur l'univers du piratage informatique. La série créée par Sam Esmail (dont le premier et unique film Comet traitait déjà d'univers parallèle) a même rendu accroc l'éminent Edward Snowden, l'ancien informaticien de la CIA qui a livré aux foules aveugles que nous sommes d'édifiantes informations sur l'étendue de l'espionnage électronique auquel n'importe qui peut être soumis. Preuve de la crédibilité de ce que nous voyons ici à l'écran. Et c'est effrayant. Là où Michael Mann dans Hacker échouait misérablement à rendre compte de l'ampleur du péril, Mr Robot nous glace le sang. Et les vols de données à grande échelle qui se multiplient aujourd'hui ne sont pas là pour nous rassurer.

Histoire de chipoter, apportons quelques bémols : un twist final que l'on devine assez rapidement et quelques propos redondants et séquences insistantes ici et là. L'intrigue piétine un tout petit peu durant les premiers épisodes. Voilà, c'est dit mais insister la-dessus serait faire la moue au dessus d'un banquet car le reste est totalement emballant. Tout est bien en place et je me réserve le visionnage de la saison 2 en Blu-ray car visuellement  aussi le spectacle vaut le coup d'oeil.

 

La recette de mon addiction : l'ensemble flotte dans une atmosphère de dingue. J'ai évoqué la photographie Fincherienne mais la mise en scène est à se damner la rétine. Au-delà du travail photographique admirable, le cadrage de chaque plan et et le découpage de chaque scène clouent au fauteuil. Concernant cette première saison, restez bien devant votre écran jusqu'à la fin du générique du dernier épisode, vous aurez droit à un somptueux plan séquence qui tant sur la forme que sur le fond vous laissera sur le cul. L'enthousiasme formel est le même côté décors. De l'appartement minable aux espaces glacés des bureaux, tout nous immerge dans l'âme parasitée d'Elliot. Dessinant le tableau d'une maladie mentale. Difficile alors de décrocher quand la direction artistique d'une oeuvre colle à ce point au propos.

Mon tout est livré devant vos yeux dans l'écrin sonore d'une B.O électro bien raccord signé Mac Quayle (The People V. O.J. Simpson, American Horror Story : Freak Show) compositeur de génie dont l'univers synthétique voisine avec celui de Cliff Martinez. Nous sommes bien ici dans la cour des grands.

 

 

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Le visage et la présence de Rami Malek font le reste.

J'avais déjà remarqué cet acteur au visage étrange dans la série The Pacific et quelques seconds rôles (The Master, Les Amants du Texas) mais il tient ici un rôle qui devrait définitivement l'imposer. Regard effaré et fascinante silhouette malingre et encapuchonnée comme échappée d'un tableau expressionniste d'Eward Munch. À ses côtés, ombre ricanante, Christian Slater joue son rôle à la perfection. Tandem électrique autour duquel s'organise ce brillant chaos.

 

Je terminerai en revenant à la référence essentielle de ce brillant  Mr Robot. Le nom même du personnage central : Elliot. Impossible pour moi de ne pas le plugger à celui du poète T.S Elliot. Et de penser immédiatement à la célèbre dernière strophe de son poème Les Hommes creux. Strophe citée par le colonel Kurtz dans Apocalypse Now et une pléiade d'autres oeuvres consacrée à l'étape ultime de notre radieuse évolution.

 

" C’est ainsi que finit le monde
   C’est ainsi que finit le monde
   C’est ainsi que finit le monde
  Pas sur un Boum, sur un murmure."

Elliot, le Hacker shizophrène, vient d'en pirater le dernier mot.                                                                                                                                              

 

"C’est ainsi que finit le monde
  Pas sur un Boum, sur un clic"

 

 

 Francisco,

 

 

 

One or  Zero ? 


 

 

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 The Beauty Of

 


 

Références                                                                                                     

 

 

L'avis des membres

 

Ghostdog :

 

Tout simplement magnifique.
Lors du premier temps du twist, l'auteur assume complètement la filiation avec Fight Club. Mais, lorsque le "Where is my mind ?" des Pixies se fraye un chemin, c'est sous la forme d'un instrumental au piano sans les paroles. Le réalisateur semble dire: j'ai pris l'air mais pas la chanson. Mon personnage est accouché de Fight Club toutefois, le reste, je le traite à ma manière. Reste que Fight club a réinventé et changé la donne concernant la figure même du héros au cinéma et c'est bien ce que l'on retrouve pleinement ici.

 

 

 

 

 

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Dispo sur Prime

 

2015 - 2019

 

 

10X 50mn

 

 

LE BLU-RAY     Un steelbook bien concept-art n'aurait pas été du luxe pour une telle pépite... Bon, en tout cas, la précieuse galette bleue affiche un sommet de l'image numérique. Précision redoutable de la Red Epic Dragon et son master 5K. La sensibilité affolante de l'image jusque dans les scènes nocturnes assurent un spectacle totalement scotchant. Grande régalade. Top démo.

 

 

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29/10/2016
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