LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

MIRACLE EN ALABAMA, déconfinement

Drame     Histoire vraie   

Arthur Penn  

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Inoubliable.

Voici une de mes toutes premières claques d'ado cinévore.

Pour vous dire à quel point ce film tient une place à part dans ma vie, peu de temps après ma rencontre avec Puce, la femme de ma vie, je lui fis découvrir ma compulsive collection de films. Loin de s'enfuir en courant elle la parcourut avec curiosité et reconnut quelques-uns de ses films favoris. Àu terme de sa visite elle me dit "Par contre, il y a un film que j'ai vu quand j'étais jeune mais personne ne le connait et je ne souviens plus du titre... Sur l'histoire d'Helen Keller, l'enfant sourde et... Miracle en Alabama !!! l'ai-je aussitôt interrompue. Là encore, une personne sensée aurait pu prendre peur mais non, je vis à l'expression de son regard que je venais au contraire de marquer pas mal de points.  Quelques jours plus tard je parvenais à dénicher un piètre DVD et nous redécouvrîmes, dans les bras l'un de l'autre, ce chef-d'oeuvre oublié de monseigneur Arthur Penn.

 

Merci Puce.

Sans toi je n'aurais sans doute jamais pensé à repêcher ce film puissant et bouleversant. Et pourtant... je ne l'avais jamais oublié. Je le pris, étudiant, en travers de la gueule au cinéma de minuit. La bonne nouvelle et la raison supplémentaire d'en faire aujourd'hui une des premières chronique de cette nouvelle ère confinée est sa ressortie "miraculeuse" en DVD/Blu-ray l'année dernière. Merci mille fois à Rimini Editions !!!

Nous nous sommes donc offert, hier soir, une nouvelle séance en HD. Même si le matériau a un peu souffert avec quelques plans voilés et une stabilité parfois hasardeuse, c'est avec une joie profonde que je vous annonce que cette perle de mise en scène et d'interprétation datée de 1962 met toujours la pilée à la concurrence.

 

 

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L'histoire.
Vraie et ô combien édifiante.

C'est le récit du combat de l'instructrice Anne Sullivan pour sortir la jeune aveugle, sourde et sauvage Helen Keller de sa nuit. Une mission éprouvante, puisant au plus profond des ressources et racines des personnages. Un douloureux parcours initiatique du chaos d'un esprit enfermé dans ses réflexes primitifs jusqu'à l'accès au langage, porte de tous les apprentissages. Un récit  "d'évasion"  de l'enfermement et de l'ignorance vers le savoir et la liberté. Des ténèbres à la lumière.

 

Je ne veux rien vous déflorer de Miracle en Alabama mais je peux déjà vous affirmer qu'il s'agit d'un film d'emblée hypnotisant dans la forme. Arthur Penn muliplie les plans-séquences dans un noir et blanc radical décuplant la puissance expressionniste des visages,  explorant les scènes de souvenirs et de traumas par des effets de flou et de montage d'une modernité renversante. Vous avez sous les yeux les débuts d'un grand.

 

Arthur Penn, venu de la télévision, signe ici son second film après Le Gaucher (western de 1958 avec le tout jeune Paul Newman) On devine dès les permières séquences et l'hallucinante direction d'acteurs que l'on tient là le futur réalisateur de Bonnie & Clyde et Little Big Man. Un des pionniers du "nouvel hollywwood". Période faste qui s'étendra de la fin des années 60 au début des années 80 avant l'avènement du cinoche pop-corn à grand spectacle. (On peut considérer que le flop de l'immense Raging Bull de Scorsese en 1980 signe le dernier film d'auteur de cette période avant la l'instauration de la seule loi du Box-office et du "cinéma de la recette")

 

 

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Nous nous trouvons donc ici pile à la charnière entre le cinéma classique (fond musical d'époque) mais délivrant déjà une liberté folle tant dans le mouvement de cinéma que dans la direction des actrices à l'oeuvre. Parce que Miracle en Alabama repose d'abord et avant tout sur l'alchimie également miraculeuse entre la jeune Patty Duke et Anne Bancroft (elle sera, cinq ans plus tard, la mythique Mrs Robinson du Lauréat) Miracle en Alabama est le film de deux actrices totalement investies. Tout de présence et d'intensité, leur "affrontement", aussi bien physique qu'intérieur, exprime la rage d'un confinement sensoriel à démolir pour s'ouvrir au monde extérieur. Les attitudes, mimiques, expressions et gestuelles (en plans-séquences, le plus souvent) délivrent des prestations que vous n'oublierez jamais. La séquence durant laquelle Anne Sullivan oblige Helen à se tenir à table est une scène de combat tétanisante. À plusieures reprises ces batailles pour la discipline et l'accès au langage voisinent avec un travail proche de la danse. C'est bouleversant, joué jusqu'à l'os et artistiquement prodigieux.

 

Justement oscarisé à l'époque, le travail d'actrice de la jeune Patty Duke et d'Anne Bancroft a ceci d'éditifiant qu'il offre un échange de talent à l'équilibre parfait. Un exemple de partage entre deux comédiennes s'épaulant l'une l'autre. Sur le plan du jeu le spectacle est généreux. Quant on assiste à pareil exercice on se renseigne et on découvre que le fruit de ce travail a fleuri après 700 représentations théatrales à Broadway portées déjà sur les épaules de ces deux mêmes têtes d'affiches. Une adaptation de l'autobiograhpie d'Helen Keller par William Gibson. Un succés qui incita d'ailleurs à la mise en chantier de ce film en conservant ces deux comédiennes déjà mariées à leurs rôles.

 

Ainsi, cette splendide leçon de vie où tout bouleverse est heureusement devenue un film. Miracle en Alabama (The Miracle Worker) résonne particulièrement fort aujourd'hui, en cette période de confinement, alors que nous voilà ramenés, par la force des choses, au mouvement premier de la vie. À l'essentiel. Le courage et l'endurance.

Edifiant, je vous le disais.

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1962

 

1H45

 

LE BLU-RAY       C'est une ressortie inespérée, alors on ne va surtout pas chipoter. Ce transfert enterre le précédent dvd dans les grandes largeurs et permet enfin de savourer le spectacle. Au delà de quelques instants voilés ou instables, l'ensemble révèle un niveau de détail réjouissant. D'autres séquences sont mêmes exemplaires. Merci Rimini Éditions !

 

Director:

Arthur Penn

Writers:

William Gibson (screenplay), William Gibson (based upon the stage play by)

 

 

     La jeune actrice Patty Duke et son modèle, Helen Keller, sur le tournage 

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24/04/2020
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