LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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LES AILES DU DÉSIR, l'urgence d'aimer

Poème

Wim Wenders

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L'art ne sauvera pas le monde mais son pouvoir consolateur nous offre des ailes.  Voici un de mes films de chevet. 

 

Les Ailes du Désir. Film dans lequel j'ai plongé à vingt ans et dont je ne suis jamais totalement sorti. Une oeuvre si chère à mon coeur qu'il m'était impossible jusqu'à aujourd'hui de trouver les mots pour  le chroniquer. Je vais le faire, mais humblement. Parce que l'on analyse pas une oeuvre pareille, on s'y abandonne. J'ai simplement envie d'en laisser une empreinte sur ce blog. Parler des anges comme des vivants. 

Parce qu'aimer c'est vivre.

 

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Au dessus de l'océan des voix intérieures, veillent les anges. Dans le ciel au dessus de Berlin, Damiel et Cassiel, magnifiques Bruno Ganz et Otto Sander, observent, écoutent et consignent les petits rien comme les instants de grâce du quotidien.

 

De la carlingue d'un avion en vol à l'intérieur d'une voiture lancée sur le périphérique, des recoins d'un appartement aux profondeurs du métro, les esprits naviguent et l'art du montage confine au sublime. Les dix premières minutes d'ouverture constituent à elles seules une forme d'absolu du cinéma et le sommet de la "touche Wenders". Puis le récit, petit à petit se resserre jusqu'à ce qu'au détour d'une de ses errances bienveillantes, sous le chapiteau d'un modeste cirque ambulant, Damiel soit touché par l'amour. Une belle et mélancolique trapéziste ( angélique Solveig Dommartin) le poussera à renoncer à ses ailes. Quitter l'omniscience et sentir le poids et le goût du vivant. Rejoindre le monde des hommes. Renoncer à l'immortalité...

 

 

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La vie, l'amour. La mémoire et le temps. 

L'intime et le monde, sur une idée surgie dans l'esprit de Wenders et coulée dans les mots de l'écrivain et cinéaste Peter Handke. Autant de thème fondamentaux que l'on effleure avec "la grâce de l'ange".

 

Un film qui ressemble à la vie parce qu'il n'oublie jamais ces "plaisirs minuscules". Les objets ont une âme. L'ange goûte aux couleurs et savoure la chaleur du café dans la fraicheur du petit matin. Je vous parle ici d'un poème cinématographique d'une ampleur admirable. Une écriture emportée dans le flux de la conscience. Poèmes, proses,  improvisations inspirées, les textes merveilleux de l'auteur allemand étaient adaptés et remaniés au fur et à mesure du tournage. Handke, c'est le compagnon de longue date pour Wenders. Il écrivit avec lui son second film, l'angoisse du gardien de but au moment du penalty (1972). La confiance entre les deux hommes est absolue. Wenders ne veut travailler avec personne d'autre. Un geste artistique risqué mais au final une sensation de liberté totalement enivrante qui a offert des ailes immenses à ce film miraculeux.

Voilà pour l'écriture. Si on se penche sur l'image, je vais vous parler ici d'un des plus beaux noir et blanc de l'histoire du cinéma.

 

 

ailes-du-desir-tou-01-g.jpg      Le chef opérateur Henri Alekan. Le cirque du film porte son nom.

 

Une matière photographique qui fait croire sans peine en l'existence des anges.

L'image des Ailes du Désir est signée du légendaire chef-opérateur Henri Alekan (La Belle et la Bête, Les Amants de Vérone) et dès les premiers plans et mouvements de caméra, le prodige s'accomplit. Survols, visions d'aubes, de nuits et de crépuscule où les lumières de la ville et des visages écrivent tout de la vie. Séquences somptueuses de la bibliothèque ou de cet immense bunker, incroyable lieu de tournage, vestige historique du Berlin bombardé ou sont ranimés les spectres du nazisme. Film de la mémoire de la ville où évolue Peter Falk.  

L'occasion de dire un mot sur lui car sa participation est essentielle. L'acteur américain apporte ici l'idée de réconciliation. La chaleur et l'humour qui se dégagent de sa présence font loi. La sympathie absolue que l'acteur et son personnage procurent nourrissent la réalité de son rôle d'ex-ange. Une présence en osmose avec la bouleversante sincérité du regard que pose Wenders sur Berlin et son histoire.

 

 

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Une présence qui fait le lien avec une Amérique où le réalisateur venait de passer de longues années. Falk devient ainsi le passeur du retour au pays. Le réalisateur d'Alice dans les villes et Au fil du temps revient, plus fort et confiant que jamais, après son triomphal Paris, Texas.

 

C'est ainsi, avec un magnifique message d'amour, sur une B.O tout en cordes et rock ténébreux, du fidèle Jurgen Knieper (L'Ami américain, Faux mouvement) que ce grand réalisateur humaniste renoue ici avec l'univers de ses débuts et livre son film le plus impressionnant. Il en tournera la suite six ans plus tard " Si loin, si proche !" mais sans l'image d'Henri Alekan, ni les mots de Peter Handke, ni la partition de Jurgen Knieper.

Malgré la profonde générosité du propos le miracle, pour moi, ne se reproduira pasUn retour sympathique mais sans magie. Revoir aujourd'hui Les Ailes du Désir est aujourd'hui une belle manière de prendre soin de votre âme.

Parce qu'aimer, c'est vivre.

 

 

 

Francisco,

 

 

 

 




L'avis des lecteurs  

 

 

Fabienne     

 

" Film à la magie sensorielle immédiate "

 

Chris                

 

" Film intemporel, sans oublier la rage de Nick Cave..."

 

Chroniques Wenders   

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1987

 

2H05

 

Le blu-ray                  Après le fiasco de l'édition Arte sur un support défectueux (les disques sont illisibles aujourd'hui tout comme celui de Paris, Texas édité à la même époque) Carlotta nous offre cette superbe édition limitée contenant Blu-ray et Blu-ray UHD tout deux issus d'une miraculeuse restauration 4K. détails, contrastes, profondeur le noir et blanc est beau à pleurer. Tout est sublimé. Merci Carlotta !!!!

 

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23/12/2015
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