LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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LE RÈGNE DU FEU, à fond les dragons!

Dragonade        Post-apo        Série B chiadée    

Rob Bowman  

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Il n'y pas que les yaourts qui soient consommables après la date limite.

Le Règne du Feu est encore bon.

 

Je dis ça parce je vais causer là d'un film de dragons post-apo de bientôt vingt ans d'âge et censé se passer en 2020. Ainsi va la marche du temps.  Les oeuvres d'anticipation prennent forcément un petit coup dans l'aile avec cette histoire de datation. Mais voilà, au bout de presque sept ans de blog je ne vais pas vous cacher plus longtemps ce plaisir coupable.  

J'adore me replonger dans ce sympathique "semi"blockbuster aux effets plutôt chiadés, pour l'époque (je dis "semi" parce qu'un budget de 60 millions ça reste  au dessus d'une série B mais c'est trois fois moins coûteux qu'un daubesque et illisible opus de Transformers) Certes, certaines incrustes de jets de flammes et la cheapounette vision subjective du dragon sont bien datées mais, franchement, ça participe du charme et les bestioles en imposent encore. 

D'ailleurs, il n'y pas que les dragons qui envoient du lourd là-dedans. Même le casting est devenu quatre étoiles. Imaginez aujourd'hui produire un film fantastique qui réunirait Christian Bale, Matthew McConaughey et Gégé-Léonidas-Butler ? Pas mal, non? Il faudrait aligner les billets et je ne suis pas sûr que les producteurs miseraient encore un euro sur une histoire avec des dragons et un  château fort qui se passerait dans un futur Ecossais après que la terre ait été réduite en un joli tas de cendres sous un ciel couvert légèrement bleuté et brumeux. Perso je trouve que cela ferait une super série, mais bon ... 

 

Tout ça pour dire que je suis bien content qu'il existe mon Règne du Feu.

La preuve, je viens de troquer le vieux dvd tout flou pour un import Blu-ray UK pas cher vu qu'il est épuisé par chez nous. Le bilan carbone de cette opération est désastreux mais le carbone, quand on parle de dragons ... et puis entretenir la nostalgie ça n'a pas de prix. 

Mais, dans le fond, pourquoi ?!?

Hé bien because aujourd'hui encore, j'adore qu'on me raconte des histoires avec des  monstres ailés qui crachent des flammes un peu partout sans faire gaffe face à des héros plus actifs que dépressifs et prêts à se sacrifier pour protéger leur communauté. Surtout quand l'action est traitée avec un minimum de style et de savoir-faire et que les grosses bébêtes ne sont pas balancées à tout va mais débarquent avec un minimum de préliminaires côté ambiance et tension. 

Bref, mon tout a la saveur d'un de ces fameux "films-d'aventure-qu'on regardait-chez-Mamie-pendant-les-vacances". Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, qu'une séquence de "conte" racontée à des petits orphelins vient nourrir le récit. Une séquence convoquant l'univers de Star Wars et soulignant à la perfection l'importance fondamentale dans notre univers intérieur de la permanence des mythes. Et, côté mythes, les histoires de dragon comble allègrement tout un rayonnage de notre imaginaire depuis l'invention des soirées au coin du feu. Quand tout s'effondre autour de nous, il reste les histoires édifiantes de résistance et résilience ... (je mets trois points de suspension pour bien montrer que je fais référence à l'actualité) 

Bref Tout cela est plus que présentable. Le métrage est soigneusement réalisé par Rob X Files Bowman et chouettement photographié. Ce n'est pas clipé, la caméra n'est pas secouée dans tous les sens ni placée n'importe où. 

Rien que ça, ça fait du bien.

 

 

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Et puis le meilleur effet spécial reste le Matthew. 

Ici, il déchire sa grosse race en tueur de dragon avec le crâne rasé et le poil viking (ce n'était pas encore la mode ce qui fait de ce mec un visionnaire. Aujourd'hui on peut aussi bien croiser ce genre de profil à un stage de permaculture qu'en salon de thé ou repliant la poussette à la sortie d'une crêche.)

Bref, à ce moment précis de sa carrière au gars Matthew, ce Règne du Feu à la mérite de souffler un peu sur les braises fumantes de sa filmographie. On le retrouve ici en creux de carrière entre deux nanars et dix ans avant sa résurrection professionnelle dans Killer Joe, Mud,True Détective ou Dallas Buyers Club. Dans le rôle du Kurtzien Denton Van Zan, avec seulement quelques lignes de dialogues plutôt bien troussées dans le genre guerrier et le fond de l'oeil hanté, il donne tout ce qu'il a.

Et je vous jure que c'est beau à voir et à entendre.

 These beasts live on ash. They feed on death. There's no middle ground... not for them, not for us...  

Wow, mec !

Ouais, ça aussi ça fait du bien.

J'avoue que, du coup, en face de ce bonhomme qui déboule avec ses GI's et l'artillerie lourde, Christian et Gérard ont un peu de mal à exister une fois que cet enflammeur d'écran débarque au milieu du film, bodybuildé en diable et le verbe texan, histoire de bien nitroglycériner l'ambiance "hyppie-bobo-survivaliste" qui plane sur le château. Surtout que les dragons, le Matt McConaughey, il se les paye au harpon et les finit à la hache. Hé ouais, encore un beau mariage du moderne et de l'antique dans l'art de niquer du monstre mythique. 

Mais, trêve de charisme ravageur, globalement tout le monde ici fait le job avec conviction. Christian Bale assumait déjà, du haut de ses 28 ans, cette noble autorité qui quelques années plus tard allait faire de lui un mémorable Dark Knight pour Nolan. Côté distribution je reconnais qu'on est dans un vrai film de gars, mais attention la blonde racée qui pilote l'hélico et refile la pêche au héros (Izabella Scorupco, polonaise sur-entraînée aperçue dans Vertical Limit) dévoile un énorme potentiel de badasserie.

 

Alors...

une question me vient.

Pourquoi ce truc est resté un peu dans l'ombre?

Le Règne du Feu n'a pas dû sortir au bon moment.

En effet, malgré sa belle allure et le fait qu'il ne triche pas sur la marchandise, il est loin d'avoir eu le succès qu'il méritait. Le scénar est plutôt bien équilibré et, encore une fois, d'énormes succès ont été autrement plus  paresseux en matière d'écriture. Cette tranche de cinoche bien cuite aurait facilement pu tomber aux oubliettes du cinéma de genre. Heureusement, une petite communauté de fans continue, internationalement, à oeuvrer pour lui délivrer le bon vieux statut de "film culte". Et moi, je soutiens ardemment ce genre de mouvement. Au-delà de la pandémie et de la crise économique qui s'annonce on trouve toujours de vraies et saines préoccupations dans la vie d'un vieux et chauve cinévore.

 

 

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Bon, il est temps que je termine.

Vous remarquerez d'ailleurs que je prends souvent un peu plus de lignes à défendre une oeuvre mineure. Les chefs-d'oeuvre sont suffisamment (voir trop) commentés. Ce bon petit trip post-apo sans prétention méritait un poil d'effort de ma part, même si j'ai bien conscience de ne toucher qu'une niche. Je suis persuadé qu'il reste cher au coeur de quelques lecteurs. 

Côté films de dragons (je classe à part le Smaug de Jackson ainsi que les miraculeuses  envolées de Game of Thrones) face aux grosses bouses en CGI qui déferlent sur le  genre et incarné par des endives sans charisme ayant joué en pyjama sur fond bleu, le côté "que-je-te-construit-des-vrais-décors-et-que-je-te-soigne-les-personnages-les-costumes-et-l'atmosphère" du Règne du Feu lui ont bien redoré le blason. Je dirais même qu'il vieillit bien, même si nous sommes désormais en 2021. Un amoureux du cinoche se fout un peu des dates. Quel cinévore digne de ce nom arrêterait de mater le premier Blade Runner ou New-York 1997 ? En plus, si on doit vraiment parler d'apocalypse la date correspond, sachant qu'un dragon, franchement, c'est autrement plus classe que LE Covid *

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

* Je continuerai d'écrire LE Covid. C'est mon petit côté rebelle, chauve, barbu, teigneux et amateur de dragons. Parce que ce putain de virus et les restrictions parfois absurdes qu'il impose constituent bien UN fléau et non pas UNE contrariété.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2002

 

1H40

 

 

 

LE BLU-RAY :    Loin d'être honteux mais pas de quoi s'enflammer non plus. Cet import UK un peu daté lisse le travail (c'était le défaut des premiers Blu-ray) mais permet de conserver une image correcte sur grand écran. C'est déjà pas mal. Quand il aura décroché son statut de film-de-dragon-culte ce titre aura peut-être droit à une restauration bienvenue. C'est payant un dragon bien restauré.

 

 

 

Director:

 Rob Bowman

Writers:

 Gregg Chabot (story), Kevin Peterka (story)  | 3 more credits »
 
 
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" Bonjour monsieur le ministre, en fait je m'impose un peu, là, parce que je souhaiterais évoquer calmement avec toi  la question de la semaine de quatre jours... Ok?"



17/02/2021
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