LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

L' ANGLAIS, tell him i'm fucking coming !

Polar 

Steven Soderbergh

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Encore un.

Un objet filmique rare, découvert à l'occasion d'une restauration et sortie Blu-ray. 

Un trip méconnu de Soderbergh, revenge-movie sur un père enquêtant sur la mort suspecte de sa fille, tourné entre Hors d'atteinte et Erin BrockovichLe père est anglais, fraichement sorti de prison après neuf ans derrière les barreaux et il a l'allure et la gueule d'un Terence Stamp plus statuaire que jamais. Avec un acteur pareil, cinématographiquement parlant, tout est bien en place pour passer un moment agréable.

 

 

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Précisons qu'en face de lui la figure iconique de l'Obsédé de Wyler et du Théorème de Pasolini va croiser le chemin de Peter Fonda, éternel biker d'Easy Rider, en producteur de disque peu scrupuleux. 

Le ton est donné. L'ambiance est clairement à l'hommage aux légendes des sixties et seventies (je vais très rapidement évoquer la B.O), divine époque de glorieuses expérimentations. Et justement il n'est question que de cela dans l'Anglais. Cette restauration est la bienvenue car le plaisir à voir ou revoir ce polar à l'esthétique ultra léchée repose tout entier ici dans la forme et la construction. Il s'agit bien d'un trip de cinéaste, d'une de ces oeuvres expérimentales invitant à la revoyure dès la fin de la séance. Depuis ses débuts avec Sexe, Mensonges et Vidéo jusqu'à sa fascinante série The Knick , Steven Soderbergh s'aventure régulièrement sur le terrain de l'expérimentation. Il est le contraire d'un cinéaste en pantoufles. Ici, après les Petites ou grosses claques au box-office de Kafka, King of The Hill ou À Fleur de Peau le voici de retour en grâce auprès des critiques et du public suite à son classieux polar de charme Hors d’Atteinte. Loin de rentrer dans le rang, il se lance de nouveau en hors piste. Résultat, l'Anglais est désormais un film culte et sa modernité en impose encore aujourd'hui. À l'époque de sa sortie le succès n'est pas vraiment au rendez-vous mais la critique applaudit et la confiance est de retour. Soderbergh alignera ensuite trois gros titres avec Erin Brockovich, Traffic et Ocean's Eleven.

 

Ici, dans les pas de Mann et comme Winding Refn allait le faire 12 ans plus tard avec Drive (L.A, toujours...) Soderbergh survitamine son scénario de série B.

L'intrigue, minimaliste, dont on se fout un peu au final, est transcendée par son interprète principal et sanctifiée par des cadres ultra découpés et une B.O orgasmique (The Who, The Byrds, The Doobie Brothers, Steppewolf ou Donovan avec Stamp poussant la chansonnette sur le titre Colours). Mais ce qui fascine c'est le montage. Certes, en 1999, l'influence de Tarantino et sa temporalité éclatée a contaminé tout le monde mais souvent pour le pire. Ici c'est du grand art. Comme pour mieux nous immerger dans la pensée fragmentée d'un type ivre de vengeance, plongé dans un monde et une époque qu'il ne reconnait plus, flash-back et flash-foward se télescopent mais attention (et c'est un tour de force) sans jamais nous perdre. On parle de "déconstruction narrative" mais il serait plus juste de parler d'hyper-construction. Le récit, bifurque, avance et se retire. Un mouvement qui pourrait évoquer également (mais là, c'est un peu hasardeux, j'suis pas trop sûr de mon coup) l'approche d'un fauve traquant sa proie et cherchant la meilleure stratégie d'attaque...

Mmouais, non, en l'écrivant j'ai un doute.

 

 

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Ce qui est sûr c'est que derrière son label "film de genre" Soderbergh, grâce à ces effets de style particulièrement pertinents et ses acteurs incarnant les fantômes d'un temps révolu, nous dresse le portrait d'un homme au soir de sa vie. Pour évoquer la jeunesse du personnage de Terence Stamp, il obtiendra même l'aval de Ken Loach pour utiliser quelques extraits de son film de 1967 Pas de larmes pour Joy. L'Anglais est ainsi nourri de cinéma. Cet art plus puissant que jamais lorsqu'il évoque comme ici la fuite du temps, la mémoire, la vieillesse et la mort. Cette nostalgie déchirante que Coppola dessinait dans son funèbre et magnifique "film d'ados" Rusty James ou Leone dans son testament Il était une fois en Amérique. J'ai conscience de digresser un poil, mais un grand film renvoie toujours l'écho de chef-d'oeuvres.

 

Ainsi se déroule la "balade" criminelle de Wilson.

Envoûté dès l'ouverture je me suis laissé gagné par son élégante mélancolie, ponctuée d'instants de violence souvent décalés, parfois drôle et d'un twist final en forme de bras d'honneur.

Ouais, de quoi nous faire vraiment aimer le cinéma.

 

 

 

Francisco,

 

  

 

 

 

 

 

 

L'avis des lecteurs

 

Virgile   

Souffleur de coffrets

 

 

"Le film qui m'a fait découvrir Soderbergh, qui annonce ses glorieuses 90's ! J'avoue ne pas avoir eu le courage d'attendre la sortie de ce steelbook maintes fois repoussé, et m'être procuré le digibook allemand sorti il y a un an... anyway, le master est top, et ce film mérite la redécouverte!"

 

 

 

 

  

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1999

 

1H25

 

LE BLU-RAY               Magnifique restauration et nouvel étalonnage côté couleurs. C'est chaud, clair, net, précis et respectueux du grain 35mm. De quoi s'extasier devant la précision chirurgicale de cette mise en scène savante aux cadres ultra découpés. Travail d'orfèvre. J'imagine le résultat pour les heureux possesseurs de lecteurs 4K ...

 

Director:

 Steven Soderbergh

Writer:

 Lem Dobbs
 
 

 

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18/03/2021
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