LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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ZACK SNYDER'S JUSTICE LEAGUE, rêve de gosse

Orgasme super-héroïque

Zack Snyder

*****

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Merci.

Merci Zack Snyder !

Ouais, c'est un rêve de gosse ressuscité.

 

Après la grosse meringue fluo amputée, charcutée et reshootée par Joss Whedon sortie en 2017 qui piétinait allègrement la noble gravité de l'esprit Snyder et les nouveaux héros mythologiques de mon enfance voici donc LA Justice League tel que nous l'avait concocté au départ le réalisateur visionnaire de 300, Man of Steel et Batman V Superman (version Ultimate, of course). Nous passons donc de deux petites heures basses de plafond aux punchlines bien moisies et au scénar incompréhensible à :

3h45, hors générique, de bastons aux dimensions épiques flirtant aussi bien avec le péplum et l'héroic-fantasy qu'avec des plongées au coeur de cyber-matrices maléfiques. Cette nitroglycérinée Zack Snyder's Justice League replace avec clarté, amour et générosité ces figures iconiques sur leur piédestal. N'étant pas spécialiste mais juste "amateur-selon-l'humeur" du monde des comics je ne vais pas m'étendre sur les apports innombrables de cette nouvelle version mais je dirais seulement que ce méga-trip jouissif autant que régressif envoie du lourd sur tous les plans.

 

 

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Photographie, montage, effets spéciaux, visuellement le résultat enterre dès l'ouverture la précédente version. C'est beau. (Après une première séance streamée en VOD, redécouvrir ces images en  Blu-ray provoque une belle série d'orgasmes) 

Je ne suis pas très CGI mais là, franchement, la texture comme la matière de l'image se rapprochent de la peinture romantique et nous avons droit à de véritables tableaux de maîtres. Une sensation de "tableaux" renforcée par l'usage du format 4/3 (presque carré) natif qui en plus d'offrir plus d'image en haut et en bas par rapport à la version précédente "zoomée" en 16/9, profite pleinement à la verticalité d'une action super-héroique toute de décollages et d'explosions. On s'y fait très vite et l'oeil est encore plus focus sur le mouvement. 

C'est aussi un format "tendance" qui répond au mode de consommation actuel puisqu'il apparaîtra plein cadre sur nos tablettes. (Attention, je ne critique pas là que nos jeunes, je consomme aussi nombre de séries dans mon pieu avec ce truc, mais je précise juste que dans le cas présent si vous avez un pote qui dispose d'un grand écran ou d'un vidéo-proj c'est le moment d'être hyper sympa avec lui ) Pour en finir avec cette histoire de format carré on peut le voir aussi comme un format-hommage aux premiers temps du cinéma. Et particulièrement celui du muet où la grandiloquence des décors et l'excès des actions et sentiments envoyaient clairement du rêve aux spectateurs coincés entre deux guerres mondiales et une crise économique abyssale.

 

D'ailleurs, à propos de crise, on en est un peu là aujourd'hui avec cette suprématie du cinéma de super-héros qui paralyse le marché. Lorsque notre monde  bascule, désormais sur fond de pandémie mondiale, dans l'incertitude et les perspectives sinistres de faillites écologiques et économiques, le retour des héros surpuissants de notre jeunesse a quelque chose de non seulement divertissant mais également consolateur. Le triomphe de cette nouvelle version qui permet à HBO Max de se faire une place entre Disney + et Netflix répond à une véritable attente. Et puis, entre nous, à quand remonte le dernier blockbuster présentable?

 

 

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Sur le fond, nos héros reprennent vie et chair avec un net supplément d'âme.

Les tourments inhérents aux statut de super-héros, solitude du demi-dieu et poids de la responsabilité, trouvent ici une illustration franchement émouvante, notamment par le biais du personnage de Cyborg. Même si l'on n'atteint pas ici les profondes interrogations qu'éveillent mon chef-d'oeuvre de Snyder Watchmenle parcours de cet être, dont l'omniscience numérique ressemble à une damnation, est prétexte à d'authentiques visions de cinéaste. Son désespoir confère à ce sombre opus une dimension quasi-tragique. Le terme n'est pas exagéré car même si le cinéma, passionné et passionnant, de Snyder flirte souvent avec le style "pompier" le spectateur se retrouve quand même à l'opéra. Ce réal vomit le tiède et le poli. Rien ne semble brider son goût pour la démesure voir la boursouflure et l'éternelle lutte de l'opprimé contre les forces du Mal revêt presque systématiquement une dimension mythologique, y compris dans sa (injustement oubliée et largement sous-estimée) fantasmagorie psycho-punk-féministe Sucker-Punch.

 

Pour qui adhère à ce genre d'univers et accepte, en s'abandonnant au pouvoir de la fiction, l'idée que des types et des super nanas puissent s'envoler et creuser le bitume sans une éraflure, la virée est dantesque et cette Justice League est un parfait condensé de l'univers sacré et guerrier de cet authentique cinéaste. Si vous n'accrochez pas à sa filmographie vous pouvez passer votre chemin. Dès la première partie résonnent les échos de 300Nous ne sommes pas ici chez les majorettes de chez Marvel. L'esprit spartiate souffle sur Gotham et Metropolis. This is Justice League! Cette ligne de dialogue pourrait être de Léonidas : "I don't care how many demons he's fought in how many hells. He's never fought us. Not us united." Ou lorsque le boss des bad guys "Steppenwolf" lance aux amazones cette shakespearienne invective :

- Amazons, I've come to bathe in your fear! 

La reine Hippolyta, défendue avec intensité par la charismatique Connie Nielsen (inoubliable Lucilla dans Gladiator), sans se démonter, s'adresse alors à ses somptueuses guerrières :

- Daughters of Themyscira, show him your fear! 

Et les filles, total galvanisées, de clamer haut et fort

 - WE HAVE NO FEAR !

On peut dire ici que la boucle est bouclée. Le clin d'oeil est jouissif et savoureux. C'est sûr, lorsqu'on plonge dans ces quatre heures de festin on sait que tonight we dine in hell.

 

 

Au coeur de cette gigantesque et frénétique apocalypse les héros sont plus iconiques que jamais. La résurrection de Superman retrouve ici sa pleine aura christique, et la sublime Wonder Gal Gadot n'est jamais plus magnétique qu'à travers le regard de Snyder. Jason-Aquaman-Momoa assume sans forcer sa royale badasserie et Flash cultive son côté branleur avec un certain panache. C'est peut-être Batman qui semble profiter le moins de cette opulente Snyder's cut. Un manque comblé en partie, lors de l'épilogue (tourné après le retour de Snyder aux manettes), qui ouvre clairement au DC-Universe de nouveaux horizons en redéfinissant les enjeux à venir. À ce propos, je dois avouer que je n'ai pas été vraiment emballé par la prestation de Jared Leto en Joker. Difficile de passer derrière Heath Ledger et Joaquin Phoenix ... (Mais non, j'ai pas spoilé, tous les fans sont déjà au courant)

 

 

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Je ne vais pas affirmer que c'est le meilleur Snyder, ni le film de super-héros définitif (je ne touche pas à mon trio Watchmen, Incassable, The Dark Knight). La folle générosité d'un spectacle offert tout entier à ses fans déborde un peu ici et là dans son style et ses effets, mais voilà, le tort est réparé. Vous pouvez désormais garder le premier Justice League pour rire entre amis et conserver précieusement celui-ci pour embarquer à bord d'un incroyable roller-coaster et prendre un pied fabuleux.

Moi qui râle souvent après les réseaux sociaux et le pouvoir  souvent trop invasif des fans sur la liberté des auteurs et le respect de leur vision, force m'est d'avouer que dans le cas du mouvement "Release-the-snyder-Cut" ils ont bien fait. Cette version, qui n'a tout simplement plus rien à voir avec la première, se devait de voir le jour.

Après le terrible deuil qui l'a frappé et provoqué son départ de la production, Snyder s'est hissé à la hauteur de ces héros fabuleux en trouvant la force de retourner en tournage et au montage pour nous offrir ce formidable morceau de cinoche. Quatre heures c'est long, peut-être, mais c'est cadeau.

Son phénoménal succès est une bonne leçon pour les  Studios qui doivent impérativement cesser de croire aux "recettes miracles", se laisser pousser des couilles et faire confiance aux parti-pris, même les plus radicaux, de leurs créateurs. 

En conclusion, je suis plutôt heureux de ne rien m'interdire côté cinoche, de pratiquer l'éclectisme intensif, d'avoir conservé mon âme de môme et d'avoir ainsi passé, au coeur de notre troisième confinement national, un putain de bon moment vers l'infini et au-delà des 10km autorisés.

 

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Snyder chroniques

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2021

 

3H45

 

 

LE BLU-RAY :  C'était prévisible. Le transfert Blu-ray est super-héroïque sur tous les plans. Détails, chroma, contrastes, tout décolle vers le top-démo. Concernant le 4K (toujours pas équipé) les retours que j'ai confirment que vous hissez encore tout cela d'un cran avec une intensité et un relief visiblement bluffants.

Director:

 Zack Snyder

Writers:

 Jerry Siegel (Superman created by), Joe Shuster (Superman created by)  |9 more credits »
 

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03/05/2021
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