LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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TRUE ROMANCE, Spinaltap dans les hautes sphères du culte

Polar cultissime

Tony Scott

***** 

 

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Quentin Tarantino a déjà écrit une vraie histoire romantique, si, si.

Même que ça s'appelait True Romance pour pas qu'il y ait d'ambiguïté. Vous vous rappelez?

Forcément.

C'est d'ailleurs le premier script qu'il ait réussi à terminer et qu'il a vainement tenté de réaliser pendant cinq ans.

Bon alors: est-ce que c'est parce qu'il estime que Top Gun est un film sur l'homosexualité masculine refoulée (théorie expliquée par un hilarant monologue dans Sleep with me, comédie romantique sortie en 94 dans laquelle il apparaît) qu'il a fourgué cette love story passionnelle entre un mec et une fille à Tony Scott, ce qui donnera comme résultat pas moins que le meilleur film de la carrière du feu frangin de Ridley? 

J'en sais foutre rien, je trouve juste le lien plutôt marrant.

 

 

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Non plus sérieusement, Tarantino étant fan de Tony Scott et notamment de son Revenge, il lui a fait lire le script sur le tournage du Dernier samaritain. Scott ayant adoré, ils se sont arrangés avec le producteur français Samuel Hadida (à qui Tarantino avait déjà vendu le scénar pour la modique somme de 13 000 $), même si au départ Scott aurait préféré mettre en scène une autre histoire que Quentin lui avait fait lire et qui s'appelait…  Reservoir Dogs.

 

Bon, on est d'accord sur un point:

quand on parle d'histoire romantique écrite par Tarantino, faut pas s'attendre à un truc du genre Pretty woman évidemment.

Ici on cause bien sûr de romantisme assaisonné de bastons et de gunfights qui tâchent les murs, le plafond et la moquette, de tire-bouchon planté dans le panard et de bastos shootées dans les burnes, de sachet de coke éclaté sur la tronche juste avant un contrôle de flics, de vomi giclé sur un vilain pull jaune citron, d'extraits de films de kung-fu et de blaxploitation glissés entre deux "piece of shit" et trois "motherfucker". Voilà pour le tableau d'ensemble. Ceci dit, y a quand même un point commun avec Pretty woman: le rôle féminin est une pute. Débutante, en ce qui concerne Alabama (affolante Patricia Arquette, au top de ses formes), et tombant amoureuse de son troisième "client", Clarence (Christian Slater), un vendeur de comics méga-cool, fan d'Elvis et des films de Sonny Chiba.

 

 

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En fait elle est un cadeau d'anniversaire payé par le généreux patron de Clarence, ce qu'elle ne tarde pas à avouer au lucky guy. Et comme lui aussi a un sérieux béguin, ils vont illico presto se marier et se faire tatouer leur amour tout nouveau tout beau. C'est pas mignonet, ça?

Puis Clarence, va se rendre chez le mac d'Alabama avec un foutu culot pour récupérer les affaires pop flashy de son épouse blonde et stipuler au proxénète prénommé Drexl, un rasta blanc balafré psycho qui parle comme un black, qu'il ne faudra plus compter sur les services de la belle. Jugeant inutile d'essayer d'expliquer à ce taré qu'elle est manifestement trop sentimentale pour faire carrière dans le métier de péripatéticienne, Clarence, en mode complètement barge, va même jusqu'à filer une enveloppe vide au lascar en lui lançant, regard de méchant à l'appui: "Ca, c'est le prix de ma tranquillité." Alors là, total respect!

Bon là on se dit que ça va dégénérer, car Drexl est un vrai bad guy bien bourrin qu'aime pas tellement qu'on se foute de sa gueule. Et bah effectivement: ça dégénère.

Après la tuerie dans le clandé, les deux tourtereaux se retrouvent avec une valise pleine de coke sur les bras, les flics et la mafia au cul. Ils se cassent de Detroit dans leur Cadillac rose bonbon, direction L.A. dans le but de vendre la came à un producteur hollywoodien via un pote comédien pour récolter un petit magot et se la couler douce un petit moment. Sauf que la vie, et ben elle est pas toujours aussi rose que la Cadillac et les fringues d'Alabama!

 

 

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Le film est sorti en 93, donc bien avant que la réalisation de Tony Scott ne verse dans le style épileptico-abstrait un peu épuisant expérimenté dans Domino ou Man on Fire (même si je sais que le créateur de ce blog adore ces deux films).

Ici le travail sur la lumière, les plans cassés et les ralentis participent plus sobrement à la violence graphique de l'énorme carnage final et des mémorables confrontations Slater/Oldman et Arquette/Gandolfini. Drapée d'une douce patine 90's et rythmée par une excellente bande-son, la mise en scène laisse logiquement la vedette aux personnages. Il faut dire qu'autour des deux jeunes mariés complètement perchés sur le nuage de leur coup de foudre gravite toute une pelletée de seconds rôles campés par une bande d'acteurs à filer la trique à n'importe quel directeur de casting: Gary Oldman, Dennis Hopper, Christopher Walken, James "Tony Soprano" Gandolfini, Brad Pitt, Samuel L. Jackson, Tom Sizemore, Chris Penn, Bronson Pinchot, Val Kilmer (on le reconnaît pas mais l'apparition d'Elvis, c'est lui).

Excusez du peu!

 

Et puis comment ne pas évoquer le face-à-face verbal entre Walken et Hopper, qui est une des plus grandes fiertés de la carrière de Tarantino? Nous offrant un éclaircissement historique sur les origines ethniques des siciliens, cette scène - à l'instar de celle entre Joe Pesci et Ray Liotta dans "Les Affranchis" - s'inscrit dans l'anthologie de ces morceaux d'interprétation que les étudiants en art dramatique devraient se shooter direct en intraveineuse; on évolue là dans les hautes sphères du culte.

Alors retenez bien la leçon, les apprentis comédiens:

'N shut the fuck up ! on écoute, on regarde, on apprend et on se prosterne.

Capice?

 

 

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Tony Scott avait déjà tâté de la série B fun et teigneuse avec son précédent film sorti deux ans auparavant ("Le dernier samaritain", donc) mais True Romance fait nettement la différence car imprégné par tous les pores de la mixture "pulp" tarantinesque. Car rappelons que ce script étant le premier bouclé par Tarantino, c'est de fait le plus personnel. Le jeune Quentin se projette allègrement dans le personnage furieusement passionné de Clarence, se brossant l'air de rien un auto-portrait à 25 piges zébré de fantasmes issus de son impressionnante culture geek. Seule infidélité au script initial, mis à part le changement de linéarité des évènements: la toute fin, que Scott préfèrera changer au prix d'un combat âprement négocié avec Tarantino (la fin originale est visible dans les bonus du blu-ray).


True Romance, charcuté par la censure dans sa version américaine et plombé lors de sa sortie par une interdiction au - de 16 ans en France, fait partie d'une longue liste de films n'ayant pas marché en salle et devenus cultes au fil des ans. Aujourd'hui encore c'est frais, croustillant, coloré, sucré, brutal, cruel et drôle.

Comme un cornet de glace vanille-fraise écrasé en plein dans le tarin.

 

 

 

Spinaltap,

 

 

 

 

 

 

 

Tony                                                                                                                        Joel Walden 

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Chroniques   Tarantino

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1993

 

2H

 

 

LE BLU-RAY :    Un transfert réjouissant ! Pour un presque 25 ans d'âge, le résultat fait oublier le DVD. Couleurs, contrastes, niveau de détail,  tout a fière allure. L'usage du réducteur de bruit est parfois radical, mais le film étant loin d'être lisse, on pardonne facile. On tape là dans l'incontournable pour toute Blu-raythèque qui se respecte.

 

 

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27/03/2016
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