LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LE CRI DU CHAMEAU saison 4 épisode 9

 

Garde le sourire. 

L'horreur passe mais la vie remplis ton verre. 

Tu perdras ton bide après la tempête 

  

 

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C'est arrivé

Il est là.

On s'attendait à des phénomènes climatiques catastrophiques, une révolution dévastatrice, et c'est  finalement une petite enflure microscopique invisible et silencieuse qui signe aujourd'hui la fin de notre monde. Au moins celui d'avant. Le suivant, on verra ça plus tard. Puis l'autre truc aussi est arrivé :

 

LE CONFINEMENT.

 

Quelques jours après notre dernière virée en amoureux.

Un bord de mer, des barques paisibles, des rues secrètes aux boutiques mystérieuses, des restaurants arrosés de jazz, un salon de thé bleu layette, du soleil dans les yeux, pas mal de routes, de longues marches, de musique et de chouettes conversations avec Puce.

Je rallume à l'instant l'ordinateur pour rejoindre l'atelier du Cri du Chameau. J'ai constaté plusieurs disparitions.

 

Une claire absence de signaux.

Les portes dimensionnelles sont closes.

J'ai définitivement perdu le contact avec Le Roi Souffleur, Anna, Hugo, Nemo, Denise et Zampano. Injoignables également Bernard et John Ford. J'ai simplement aperçu Grand Paul au sommet de la cathédrale, l'autre jour, en allant promener les chiens sur l'heure et le kilomètre autorisé. Les voilà tous "de l'autre côté". Comme je l'espérais.

Depuis leur apparition dans le récit, leur parcours parvenaient à m'échapper. Je considère ma mission accomplie. J'écris pour libérer les figures. Laisser les illusions prendre de l'altitude jusqu'à les voir s'effacer. Finalement, ça ressemble à vivre. Je ne tiens pas à conserver les mots à portée de regard. Je me promène en écriture pour qu'ils se barrent à tire d'ailes. Tout ça se soigne très bien. Une pointe de mélancolie, une pincée de nostalgie et une joie profonde.

Quant à moi je reste là. C'est le moment de faire un pas de côté. Je vais donc libérer un moment ce bon vieux Francisco et me laisser entrer :

 

Depuis le début du confinement, entre jour de tournages et télétravail, Je tiens un journal sur ma page Facebook. Le journaliste reporter d'images qui deux trois fois par semaine peut encore avoir la chance de sortir pour exercer son devoir d'informer. Je me tiens à cet exercice pour garder la tête à l'abri de tous les maudits manèges. Les trois premiers jours consistant en la simple publication d'infos pratiques je me suis mis à m'épancher à partir du quatrième jour.

Pour celles et ceux que ça tente, voici le fil ...

 

 

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CONFINEMENT

 

 

JOUR 4


... Ce matin de soleil j'ai la chance immense d'entendre des oiseaux dans ma rue. Dans ces conditions, télétravailler la fenêtre ouverte est un moment apaisant. 
Je me dis que le confinement est peut-être l'occasion de nous "reconnecter" avec quelques uns de ces fameux "plaisirs minuscules" qu'évoque Philippe Delerm. 
Ces instants de vie humbles et sages qui font que l'âme résiste. 
Faire simple, penser simple, respirer un bon coup et ... sourire.

 

 

JOUR 5

 

 

Week-end !!! ...

 Non je sais, c'est pas drôle.

 Salut tout le monde.

 Au programme, promenade dans la cuisine (j'ai repéré un coin sympa près de l'évier) soirée disco avec les chiens et pi après une petite sortie ciné dans le salon.

Ça va être sympa!

 

 

JOUR 6


Bon, on ne va pas se mentir, il va y avoir des jours sans.
Nous aurons tous notre lot de nouvelles pas terribles. 
L'idée, maintenant que pas mal de nos jours vont ressembler à des dimanches un peu flippants, c'est de se lever quand même. 

Prendre son café, faire un peu d'exercice, genre une série de 20 pompes pour les plus athlétiques d'entre nous ou bien prendre soin de ses plantes vertes en traversant plusieurs fois l'appartement pour les aînés. Vous cassez pas trop la tête avec la bouffe, l'idée c'est de manger moins parce que l'objectif "10 000 pas par jour" ne va pas être simple à gérer psychologiquement au bout 876 tours de la table de la cuisine.
On peut bouquiner ou dessiner ou méditer ou écouter de la musique. La musique est un allié solide, parce qu'il est parfois difficile de lire quand on est envahi. Obligez vous à décrocher régulièrement des infos. Ouais, pensez à la musique. C'est un art, quand s'en est un, directement raccordé au paysages les plus généreux de notre âme. Écouter aussi est un art. À la portée de tous. 
Dans nos vies d'avant, reconnaissons que la musique n'était souvent qu'un agréable bruit de fond, à présent nous avons l'occasion de ne rien faire d'autre que de s'y abandonner. Toutes les bonnes ondes fileront droit dans nos coeurs éprouvés. Les mesures vont sans doute se durcir. Il faut ça. Trop de gens, visiblement, n'ont toujours pas compris que le moindre attroupement peut tuer les plus âgés ou fragiles d'entre nous. Le confinement durera sans doute un paquet de semaines encore. Inutile de fonctionner comme avant.  Ne cédons pas mais laissons aller. Respirons et espérons. Il n'y a rien d'autre à faire qu'avoir confiance. Je suis comme vous, je pense chaque jour à tous mes proches. Il faut se consoler en se disant que, dans le fond, nous n'avons jamais été aussi profondément "connectés" les uns aux autres. Si je prend le temps d'écrire tout ça c'est que je pense aussi à vous tous. Ce matin, j'ai repensé à la formule toute simple mais très belle du grand Winston "C'est au coeur de la nuit que nous pouvons voir les étoiles". C'est vraiment la pensée d'un rassembleur. Une image à laquelle tout le monde peut s'accrocher. Avant de reprendre le cours de ces journées "à laisser infuser doucement", j'ai envie de partager avec vous ce chouette morceau de Jonah Tolchin. 
Ça s'appelle " Beauty In The Ugliest Of Days"
Forcément...
Pour tout ceux qui ont eu le courage de lire jusqu'au bout (signe de haute résistance) 
je vous souhaite de toujours conserver ce courage à portée de la main !

 

 

 


 

 

 

 

JOUR 7

 

 

Le soleil fait toujours du bien. 
Aujourd'hui, pour moi, c'est prépa reportage.

Deux pistes se dessinent pour demain. Pas simple de joindre ses interlocuteurs. On sent, rien qu'au téléphone, la pression monter. La fébrilité est partout et dans tous les secteurs.
En attendant justement une réponse j'en profite pour venir vous parler. 
Ça me rassure d'écrire avec mes mots à moi depuis que nous sommes tous embarqués dans un moment douloureux de notre histoire. Nous n'avons aucun repères. C'est une situation totalement inédite qui laisse tout le monde naviguer à vue. Quand on ne sait pas trop à quoi ressemblera demain, c'est le moment d'être sincère.

 

Malgré "la vague" il y a des signaux qui font du bien. Même si ce n'est pas acquis, la perspective d'un mois de mai qui verrait les enfants reprendre le chemin de l'école suffit à me mettre en joie. J'ai hâte de pouvoir, à nouveau rencontrer plein de gens et regarder la vie s'agiter partout autour. Comme beaucoup d'entre nous, je vois se profiler un confinement pour au moins quinze jours supplémentaires, voir fin avril. Avec un pic de contagion prévu milieu de semaine prochaine, ça me parait incontournable si on veut juguler la progression et freiner les afflux vers les hôpitaux. Heureusement, la lumière est là pour dégager, par la fenêtre, un grand ciel ouvert et m'aider à savourer l'ici et maintenant sans laisser mes réflexions tourner en rond.

 

Mes chiens roupillent, tranquillement. Le confinement avec l'autorisation d'une sortie par jour, ils connaissent depuis toujours. J'essaye de prendre exemple sur eux et de m'inspirer de ce légendaire flegme canin. Je me permets de partager avec vous ces petits clins d'oeil sur mon petit saucisson de Scott, toujours aussi sage et attentif et puis, bien sûr, mon bon vieux et fidèle Val qui adore faire la sieste après manger. Deux petits mecs qui n'en ont royalement rien à foutre du Covid 19.

 

 

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JOUR 8

 

Je ne sais plus qui disait "un pays qui ne prend pas soin de ses aînés est un pays sans avenir"

Je suis obsédé par cette pensée depuis ce matin. Cet Ehpad qui a perdu vingt de ses résidents en quelques jours, l'annonce de la mort de "papy Groove" ce matin, Big Manu... Autant de sages et de mémoires qui n'ont pu partir sereinement. C'est pourtant ce que l'on mérite après toute une vie de gloires et combats ordinaires.


Je sais que l'on ne peut rien y faire et qu'il n'y pas de "responsables" d'une pandémie mais on peut toujours condamner l'absence d'anticipation et les incessantes politiques de restrictions budgétaires de ces dernières années. Encadrements anémiques, panique des services, les plus fragiles n'ont plus leur place dans cet univers de la pseudo "optimisation des moyens". Ce culte morbide du "flux tendu" du "vous voyez que ça passe" budgétaire. Avec ce virus toutes les tensions se révèlent et nous explosent brutalement à la gueule. Nous, les occidentaux gâtés d'hier, sommes aujourd'hui ramenés à notre simple rang d'humain. Être fragile et démuni lorsqu'il est coupé de sa communauté.

 

Il faudra reconstruire et apprendre qu'amasser ne sert à rien, que l'ego n'est rien sans la communauté, il faudra se reconstruire tous ensemble. Je suis persuadé que ce ne sera pas si difficile. Il faut se préparer au pire mais aussi au meilleur.

La solidarité, elle est là. Increvable & universelle.
Les groupes d'entraides se multiplient. Des jeunes font les courses pour les anciens. Les citoyens donnent des leçons d'humanité aux politiques. 

Ce matin je suis allé tourner (en respectant les distances de sécurité) à la maison d'enfants de La Flèche. Vivent là une quarantaine de petits bouts de chou et d'ados placés par le juge pour enfants ou l'administration. Un quart des salariés, les plus fragiles, sont aujourd'hui en arrêt (Les enfants étant potentiellement les porteurs de virus les plus contagieux) Comment gérer un tel manque de personnel? 
Ils ont lancé un appel sur les réseaux sociaux et beaucoup de volontaires se sont proposés. Enseignants, infirmières scolaires. Je trouve cela admirable. Dans les situations éprouvantes la générosité et le courage ne manquent jamais de bras. Une pandémie de cette envergure donne forcément la mesure des hommes.

 

Je me suis senti privilégié ce matin de pouvoir ainsi parcourir les routes de Sarthe. Le grand ciel, les champs éclaboussés de soleil, les arbres qui explosent. On peine à croire que la mort, un peu partout en France, circule avec fureur dans le vaste jardin du printemps et sous une lumière si douce. C'est toute la beauté et la dureté de nos parcours se dessinant entre instants d'éclats et sentiers obscurs. Mais il y a ces routes presque désertes, ces villages muets pour nous rappeler que le silence fait désormais son poids. Ce silence parfois écrasant lorsque le calme nous échappe. Mais, chaque jour qui passe est aussi une victoire. Je vous quitte encore avec Big Winston et sa formule à accrocher au-dessus de votre lit :

 

 

 

 

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JOUR 9

 

Coucou
Si je dis coucou c'est parce que j'ai passé une partie de la journée à travailler un papier web consacré aux oiseaux avec, of course, la fenêtre entrouverte, histoire de rester dans le ton. Les oiseaux dont le chant à pris le dessus dans le silence du confinement. Quelques heures de travail apaisantes.

Un échange téléphonique passionnant avec Olivier, pote de fac, frangin de coeur et accessoirement directeur de la LPO Bretagne. J'ai pu enfin penser à autre chose qu'à cette monstrueuse tragédie mondiale qui enfle partout autour de nous. Je n'y connais rien en piafs et j'ai pu l'écouter et apprendre avec gourmandise.

 

Le chant des oiseaux. 
Clin d'oeil d'une nature royalement indifférente à nos tourments et nos vaines agitations. Cette nature qui, jour après jour, profite pleinement du confinement de près de trois milliards d'humains. Tandis que la pollution recule, que le ciel et les routes se vident du bruit des moteurs et réacteurs, que les eaux de Venise deviennent cristallines, L'est de la France est submergé de malades, les halls de la Foire de Madrid se transforment en hôpitaux de fortune, l'Italie pleure plus de 700 morts pour la seule journée d'aujourd'hui et le continent africain s'apprête à basculer avec un accès à l'eau dérisoire et des structures hospitalières souvent rudimentaires. 
Oui, nous allons encore nager quelque temps dans le cauchemar. 
Je m'accroche à l'espoir que la progression fulgurante du Covid 19 sera à l'image de son reflux. Qu'il s'éteindra avec la même cruelle désinvolture. 

 

Et ensuite?
Ensuite nous aurons du boulot.
Il faudra renoncer à nos conforts passés et accompagner nos enfants. C'est à eux que je pense aujourd'hui. Ils seront l'élan parce que nous sortirons de là moralement et physiquement épuisés. La décompensation sera rude après des semaines de confinement et les litanies du nombre des victimes répétées comme de sordides mantras. 
Retourner à notre vie d'avant ne rimera plus à rien. Nous aurons mis un genou à terre mais il faudra sourire et se relever. Nos enfants,les vôtres, les nôtres, seront là pour nous soutenir. parce que tous ne sont pas en train de se commander des fringues sur Amazon ou de circuler en bande histoire de braver des garde-fous qu'ils prennent pour des interdits. Nombreux sont ceux qui font aujourd'hui preuve d'un courage et d'un civisme exemplaires.

 

Les jeunes seront là après.
Le Covid flingue surtout les aînés et les fragiles. C'est une saloperie impitoyable à laquelle nous n'échapperons qu'à grands renforts d'humanité. Et parce que nous sortirons tous de là épuisés il faudra en finir avec l'indifférence cynique. celle-là même qui est encore à l'oeuvre aujourd'hui avec les refourgueurs de masques et de gel, vendus hors de prix au marché noir. Il faudra de la bienveillance. Bienveillance écologique, économique, sociale, professionnelle.  Il faudra cesser de tuer l'homme dans l'homme par souci de performance, mépris ou négligence. Ouais, nous allons avoir du boulot. Mais c'est aussi ce qui nous sauvera. Aujourd'hui se confiner c'est résister.

Je pense bien à vous ! 
Gardez l'envie de vous lever et de profiter de la lumière. 

Vous pouvez ouvrir grande la fenêtre.

 

 

 

JOUR 10

 

 

Retour à mon rituel du soir.
Ce journal qui m'aide à remettre mes pensées en ordre. Encore une journée de télétravail. Un article sur une plateforme numérique sur laquelle les maires ruraux partagent leurs expériences sur comment traverser cette crise sanitaire tout en respectant les règles du confinement et gestes barrière. Partout la solidarité s'organise.  C'est ce qui fait tenir l'ensemble. 

 

C'est vrai que l'Etat ne peut pas tout, loin de là. Avec le confinement une forme d'ordre fantomatique et précaire règne mais tout respire la fragilité. Il appartient à chacun de jouer son rôle pour lutter contre l'incontrôlable et féroce propagation du virus. Rester calme et attentif à soi comme aux autres. Notre devoir à tous est d'être présent et de rassurer. Un petit message quotidien aux plus désorientés d'entre nous.

Je me concentre sur le fait de tenir mon cap. Rester digne, savourer chaque journée de santé et n'avoir que du mépris pour cette trouille rampante qui est aussi dangereuse que le Covid. Je pense a ces misérables qui osent demander à leur voisins professionnels de santé d'éviter "de toucher les parties communes" ou "d'aller se garer plus loin". Cette lâcheté est à vomir. C'est le plus bas de l'homme qui s'exprime.  La racine de cette attitude pitoyable n'est rien d'autre que la trouille. La peur est un tyran imbécile, chassez-la !!!  Vivre c'est accepter l'idée de mourir.

 

Nos combattants et combattantes de la santé incarnent notre survie à tous. Nous leur devons une reconnaissance sans faille et éternelle. Il suffit de penser à ces femmes et ces hommes surmontant leurs angoisses et engageant leurs vies à chaque heure pour se redresser et décider de tenir le coup.
Je n'ai jamais été un fan de Macron, loin de là mais je le trouve à la hauteur en ce moment. Il est présent. La faillite de l'hôpital, la grande braderie du soin ne sont pas uniquement de son fait, la casse a commencée il y a bien longtemps. Mais il a au moins le mérite de reconnaitre que l'état des lieux de notre système de santé est à pleurer et qu'il lui appartiendra désormais d'assumer le mea culpa de cette indignité politique mais également engager des moyens titanesques pour le sauver. 

 

Demain retour au terrain. 
Je pars tourner en sud-sarthe, du côté du vignoble. Si j'ai le temps je prendrai quelques photos pour vous envoyer des nouvelles du dehors de notre beau département.
Je vous laisse ce soir avec celle-cie, capturée lors de ma "sortie toutou autorisée". Quelle chance d'habiter au pied du Vieux Mans. saisies dans les lumières caressantes du matin ou de la fin d'après-midi les vieilles pierres et leurs mémoires dispensent toute leur énergie avec bien plus de force que ce petit fumier de Covid. Je pense bien à vous et je vous souhaite une nuit aussi douce que possible.  Je sais que les nouvelles sont terribles mais nous avons plus que jamais le devoir de vivre et même, pourquoi-pas, de rêver.

 

 

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JOUR 11

 

Confinement, c'est un peu exagéré. 
Tournage oblige j'ai eu la chance de pouvoir prendre la belle route du sud Sarthe aujourd'hui. Celle qui, de Parigné en passant par Saint-Vincent et Saint-Pierre du Lorouër jusqu'à Lhomme, nous conduit au coeur du vignoble sarthois. Une de mes routes de coeur depuis ces longues années à sillonner la Sarthe à la rencontre de ceux qui la dessinent et l'inspirent. Puis arrivés à la Chartre, Antoine et moi avons pris à gauche vers Ruillé-sur-Loir pour rencontrer Pascal.

Pascal Janvier, propriétaire de 13 hectares de Jasnières et Coteaux du Loir. 
À cause du Covid ses 70% qu'il réserve ordinairement à l'export lui restent sur les bras. Il a très peur que les clients tardent à revenir lorsque tout sera fini. 
On a fait l'interview puis nous avons parlé à coeur ouvert lui et moi sur cette crise sans précédent qui nous laisse dans le brouillard absolu. Tout le monde aujourd'hui à besoin de se confier. Nous sommes effarés par la progression exponentielle du nombre de morts. Carnage en Italie et la France dans son sillage, raz de marée aux États-Unis et l'apocalypse annoncée en Afrique. Nous savons tous que plus rien ne sera jamais comme avant et qu'il faudra changer de références. Nous serons moralement assommés et le personnel soignant en sortira lessivé. Le contre-coup sera terrible.

 

Même dans ce coin paradisiaque de la Sarthe, la pandémie a gagné les esprits. 

Nous avons travaillé avec des masques. Et ça ne choque personne parce que tout le monde est inquiet. Aujourd'hui, vu tous les gens que nous rencontrons pour le boulot nous portons le masque plus pour protéger ceux que l'on interroge que pour nous. 
Nous avons un peu changé nos méthodes. Un salut de loin, on soulève le masque le temps d'un sourire et des interviews à deux mètres de l'interlocuteur avec micro-canon. Tout est devenu plus complexe mais on balance deux trois vannes histoire de détendre l'atmosphère et très vite la chaleur et la spontanéité reviennent.

 

Ensuite demi-tour pour filer sur Marçon pour rencontrer Jean-Marc. Jean-Marc Rimbault, viticulteur depuis quatre générations. Nous sommes montés dans ses vignes pour mettre en boite l'ouverture du reportage. Une séquence pour rappeler que l'on travaille toute l'année dans les vignes et qu'avec l'Europe fermant ses frontières sa main d'oeuvre bulgare ne sera pas au rendez-vous cette année... On se connait depuis quelques années Jean-Marc et moi. Je ne compte plus le nombre de reportages que j'ai tournés avec lui dans le secteur. C'est un des plus beaux coins de Sarthe avec le nord et la vallée des Alpes Mancelles.


Le dimanche, dans la vie d'avant le Coro, avec ma Puce d'amour on va souvent promener nos chiens du côté du lac des Varennes. L'été c'est blindé mais l'hiver c'est magique. On s'y rend par la route de Chahaignes via Port-Gautier. C'est du bonheur aussi cette petite route. C'est un coin ou le tuffeau palpite et vibre dans la verte tendresse du Loir.  

Ce matin, avec le grand soleil libre, les rayons de vigne filant vers la vallée, je me suis senti délivré un moment du poids de notre écrasante actualité. Mes pensées s'éclaircissaient et le sujet, sa construction, l'articulation des séquences s'ordonnaient toutes seules dans ma caboche. J'ai l'obsession de la clarté et de la simplicité. 

 

Je vous l'avais promis, j'ai pris le temps de penser à vous et d'attraper quelques paysages. Je me suis dit que ça pourrait vous faire du bien de croquer un peu d'horizons.

 

 

 

 

 

 

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 Jean-Marc

           

 

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"Maison de vignes" Patrimoine sauvé par Henri Boillot

 

 

 

 

Épisode 10

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Sommaire général  

Sommaire saison 4

 



18/04/2020
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