LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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JUSQU'AU BOUT DU RÊVE (FIELD OF DREAMS), la vie est belle

Feel good movie      Fantastique 

Phil Alden Robinson

***** 

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Il fallait bien que je m'y colle un jour.

Tout d'abord, j'ai longuement hésité entre glisser cette chronique dans la section Fantastique ou dans ma petite liste de Feel-good. C'est Val, mon lévrier, qui m'a lancé: "Attends, frérot, c'est quoi le sentiment premier lorsque tu repense à ce film?". Réponse: "Ben, un sentiment profond de bien-être absolu".

Ok, donc je vais vous parler d'un grand Feel-good movie ou, plus simplement, évoquer le film qui m'a "sauvé la vie". Ce n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre, non. Juste une pépite aux pouvoir magiques.

 

Jusqu'au Bout du Rêve (Field of Dreams) rejoint pour moi les sommets de la précieuse catégorie des films de chevet. Ceux qui prennent soin de vous et vous aide à retrouver un sommeil paisible. Je suis tombé sur ce film à l'époque de ma jeunesse compliquée. J'appartenais à une foule indémodable. Celle des étudiants totalement paumés, le quotidien flingué par un foule d'angoisses et de crises de panique irrationnelles. Tout cela s'est bien apaisé avec l'âge mais je me souviens parfaitement que j'étais juste à point, le jour où j'ai poussé la porte de ce que l'on appelait un vidéo-club. Un lieu en vrai avec des films que l'on pouvait toucher. Le mien était un endroit magique puisque tenu par une ravissante cinéphile qui  avait comme seul défaut à mes yeux de mesurer plus d'un mètre quatre-vingt cinq.

Mais je digresse, aussi je vais me contenter de vous préciser qu'elle était toujours de bon conseil. Et ce jour là, je trainais donc dans le rayon comédie avec ma tronche des mauvais jours et sans doute un air perdu. Elle s'est approché de moi et m'a juste demandé

 

- Et celui-là, Francisco, tu le connais?

Elle tenait dans ses mains une VHS avec Kevin Costner sur fond de clair de lune. Sur le coup j'ai cru à une blague. On jouait souvent à se conseiller de bons gros navets. Mais là, elle a ajouté.

 

- Tu verras, y a un truc avec ce film...

Je suis donc rentré chez moi avec Kevin sous le bras.

Ce samedi d'hiver était parfait pour une petite séance ciné. Un ciel plombé et un froid polaire. J'ai tiré les rideaux et j'ai glissé la cassette dans le magnétoscope qui s'est mit aussitôt à ronronner. Et le film commence à me parler. Gentiment. (En vo, of course) Le timbre rassurant de Costner sur ces photos de joueur de Baseball d'une époque révolue dégage une atmosphère de douce nostalgie particulièrement enveloppante. Et voici qu'apparait Costner, au crépuscule, seul dans son champs de mais, sous le ciel immense de l'Iowa. Ray Kinsella. Paisible fermier vivant ici avec sa femme Abby et sa petite fille Karin. Soudain, dans le calme du soir,  une voix résonne...

 

- If you build it, he will come...

 

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À partir de là, la magie ne touche plus terre.

Je ne veux absolument rien spoiler, juste vous dire que Ray comprend qu'il doit raser une partie de son champ et construire un terrain de baseball pour que quelque chose ou quelqu'un survienne... J'entre alors en totale lévitation. Un scénario totalement insolite et surprenant ! J'assiste au feel-good movie parfait.

 

Magnifiquement joué et bien tourné. Un conte fantastique surgissant dans le quotidien sage et conservateur d'une amérique rurale que n'aurait pas renié le peintre Robert Duncan.  Et Ray va embarquer tout le monde dans son projet fou. Mais là, j'arrête de vous raconter. Je peux juste souligner qu'une grande partie du film baigne dans la lumière dorée du soir. Que les nuits sont magiques et que le passé revient enseigner au présent qu'il ne faut jamais renoncer. Croire. Encore. Envers et contre tous. Quitte à passer pour un dingue. Une leçon toute simple mais qui n'a jamais été aussi bien racontée et que j'ai retenue toute ma vie.

On y croise le plus beau vieux du monde : Burt Lancaster, qui tient là son dernier rôle au cinéma. On y rencontre aussi un écrivain culte vivant en reclus que Ray parviendra à tirer de sa retraite (clin d'oeil au célèbre Salinger) L'écrivain c'est James Earl Jones. La voix de Dark Vador et l'écrasant Thulsa Doom de Conan le BarbareIl est ici le maître des clés. Le pilier autour duquel tournoie toute la féérie de cette merveille. 

 

 

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Une merveille qui vous fera aimer le base-ball et les films américains sur le sport. C'est grâce à Jusqu'au bout du rêve que je suis allé voir quelques années plus tard un certain "Rêve de champion".  Et la vie a continué.

La fille du vidéo-club a fermé boutique et Phil Alden Robinson n'a plus jamais signé quelque chose d'aussi beau. Mais aujourd'hui encore des visiteurs viennent visiter les lieux du tournage, parce que les gens qui aiment ce film forment une communauté. La communauté des consolés. Comme pour eux, la magie de ce film m'a touché en plein coeur. Je me suis retrouvé instantanément apaisé, comme rien ne l'avait fait jusqu'alors. Il y a eu pour moi un avant et un après.

 

J'aurais aimé vous dire qu'une telle épiphanie a eu lieu après visionnage d'un Tarkovski, d'un Bergman ou d'un Kubrick, mais non. Le film qui m'a remit sur pied et m'a fait comprendre que notre singularité est une force, que la féérie et les songes réparateurs fleurissent partout où l'on veut bien les laisser pousser, que nos rêves valent plus que toutes les offres d'emploi et que les accomplir vous rapprochent des êtres qui vous sont le plus précieux. Ce film là c'est mon doudou. Juste un feel-good movie généreux et sans prétention qui aurait pu virer anecdotique si il n'y avait ces acteurs épatants et ces douces lumières du soir sur l'horizon immense de l'Iowa. Jusqu'au Bout du Rêve... cette perle affiche un titre vraiment pas top mais qui a le mérite de tenir sa promesse.

 

 

  

Francisco,

 

 

 

 

 

 

25 ans après  1397851748000-movie-site-01.jpg

Phil Alden Robinson

 

 

 


 

 

 

 

 

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(Field of Dreams)

 

1989

 

1h45

 

Testé sur BLU-RAY US         Un zone free qui permet de savourer au mieux ce bijou baignant dans la lumière dorée du soir. Pas un top démo mais un grain ciné respecté et une image solide.

 

 

Writers:

(book), (screenplay)

 

 

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18/03/2020
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