LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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BLONDE, l'étoile noire

Drame    Poème    Requiem    Biopic

Andrew Dominik

***** 

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Ce mec sublime tout ce qu'il touche.

Après le puissant biopic criminel Chopper, la sombre et poétique déconstruction d'une figure iconique de l'Ouest sauvage L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, puis Cogan, grand polar dépressif sur les cendres de l'American Dream (deux oeuvres portées par un Brad Pitt plus magnétique  que jamais) sans oublier un petit tour comme réal sur la série Mindhunter, le réalisateur et scénariste Néo-zélandais Andrew Dominik explore de nouveau la face sombre d'un pays qui fabrique ces légendes le plus souvent dans le chaudron de la violence. Blonde est une forme de rêverie macabre dans la psyché tourmentée de l'ange blond d'Hollywood. L'incontournable, éternelle et divine Marylin Monroe. Star ultime et ange sacrifié.

 

Gloire à Ana de Armas qui après avoir illuminé de sa présence virtuelle le Blade Runner 2049 de Villeneuve mérite ici tous les éloges tant son incarnation déchirante embrasse pleinement l'essence du personnage. Cette fragilité de phalène capturée dans les filets éblouissants d'un star system qui exploitera son image avant de l'abandonner, seule, perdue et épuisée, aux loups les plus puissants et les plus affamés. On peut lire, au fond de son regard cette névrose rampante, héritage d'une mère dangereuse et totalement azimutée (impressionnante Julianne Nicholson) et d'un père absent. D'une scène à l'autre, sa prestation déchire le coeur.

 

 

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Biopic?

Pas vraiment.

Plutôt une variation autour du symbole. Féminité glorifiée, exhibée, salie puis écrasée qui écrivit le scénario de plus d'une vie d'étoile du septième art. Inspiré du roman labyrinthique, fragmenté et éprouvant du même nom signée de l'immense Joyce Carol Oates, Andrew Dominik en a conservé la construction éclatée pour mieux briser l'image publique et reconstituer par touches et compositions parfois abstraites le portrait d'une femme dont la beauté fut une condamnation.

Blonde n'est pas fait pour ce même grand public. Plus qu'un métrage c'est un flux de pensées et visions frisant parfois l'expérimental. De la couleur au noir et blanc, du scope au format carré, du grain au lisse numérique, le réalisateur virtuose et son brillant directeur photo Chayse Irvin  exploitent tous les supports disponibles pour nous faire ressentir les différents états de conscience de celle qui fut autant une muse pour les esprits les plus fins qu'un sex-symbol pour calendrier. Poids écrasant d'incarner la femme "idéale" sujet à tous les fantasmes pour un être qui n'attendait qu'amour et protection.

 

Incarnant les compagnons aveugles à ses tourments ou profitant de sa lumière, les apparitions d' Adrien Brody et Bobby Cannavale en Arthur Miller et Joe DiMaggio  sont sans fausse note mais Ana de Armas dévore le spectacle. Cette manière de les appeler "Daddy" exprime l'insatiable besoin de consolation de celle qui restera la proie du désir des hommes. Loin de la réconforter le système la "viole" et le succès la consume. En cela, et sans la lourdeur d'un manifeste, Blonde est un film profondément féministe. 

 

Andrew Dominik développe ainsi ce sublime paradoxe de nous placer au plus proche d'une figure publique confrontée à une absolue solitude. "Au sommet, il n'y a rien" déclarait son contemporain et ami Marlon Brando.

Le spectateur, dans la tête de Marilyn, éprouve l'emprisonnement (utilisation encore une fois judicieuse du format carré) et l'emprise d'une image idéale qui n'est que chimère. Marilyn tente d'échapper à la lumière. Au coeur de cette intimité malade et effrayée les grands titres de sa carrière ne sont d'ailleurs abordés que dans l'ombre des plateaux de tournage où sur un écran de cinéma.

Blonde évoque Marilyn mais épouse Norma Jean Baker. Malgré un final certes écrasant mais frisant la complaisance j'appose le statut de chef-d'oeuvre. Même les quelques effets inutiles et maladresses de ce portrait incandescent ressemblent finalement à leur modèle.

 

 

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Blonde est une oeuvre d'une tristesse infinie.

Le contraire d'un "film choc" comme j'ai pu le lire ici et là.

Une tragédie, un requiem sur la BO électrisante de Nick Cave et Warren Ellis (qui signaient déjà celle de l'Assassinat de Jesse James ... ) Un chant funèbre rendant à l'icône le plus juste des hommages.

Peu importe ce qui est vrai ou faux dans ce poème douloureux, le parcours et la fin tragique de Marilyn ne font plus mystère pour personne. Le drame est permanent. Nombre de critiques évoquent un cauchemar. Certes, mais la poésie est omniprésente. Un écrin cinématographique de premier choix pour rendre hommage à une actrice "sacrifiée" mais dont l'étoile ne cesse de briller.

Me revient cette séquence de nuit sur la plage où le regard d'une Norma Jean "surexposée", à l'aube de sa carrière de star, plonge un instant dans l'infini. Une fulgurance qui nous renvoie à cette condition d'étoile. Astre solitaire au coeur des ténèbres ...

 

 

 

 Francisco, 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'avis des lecteurs

 

Maï

 

"Pour moi... un pur chef-d'oeuvre. C'est magnifique"

 

 

Thierry Ilene BayouBlue  

 

" ... Une excellente bande son et un point de vue artistique intelligent, j’apprécie de plus la comédienne qui vraiment a fait pas mal de recherche sur son personnage et nous offre sa vision de Marilyn, bien loin des cliches habituels."

 

 

 

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2022

 

2h45

 



30/09/2022
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