LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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BALADE ENTRE LES TOMBES, Liam blues

Polar     Film noir                                        

Scott Frank

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-  Leila... was that her name?

-  I would think you'd remember.

-  Nah, once they're in the van they're just body parts.

  

 

Des lignes de dialogues, sèches, affutées comme celles-ci, il en tombe à la pelle dans ce magnifique, sombre et flippant polar d'atmosphère tiré du bouquin de Lawrence Block.

 

Il faut dire qu'il maîtrise le Scott Frank.

Ici scénariste et réal, c'est lui qui a taillé ses crayons bien comme il faut pour nous offrir des petits bijoux d'adaptation puisés dans le gratin du roman noir. Elmore Leonard a dû ronronner comme un gros chat en savourant sur grand écran Get Shorty ou Hors d'Atteinte. Kenneth Brannagh ne pouvait pas se louper avec un script comme celui de Dead Again.  Dans un autre registre il ne s'est pas loupé non plus en adaptant K. Dick pour le Minority Report de Spielberg ou en signant le scénar du premier film de jodie Foster Le Petit Homme

Avec un CV pareil, je jetterais même un oeil si  ce mec nous proposait une adaptation de l'annuaire du département de la Lozère. Tout ça pour vous dire qu'on n'est pas ici chez les nazes. Balade entre les tombes n'est pas Taken. Pas de boum-boum toutes les dix minutes, ni de poursuites de voitures avec explosion numérique en bouquet final. Non. Ici, on se pose et on prend son temps.

 

Ça tombe bien, nous sommes en bonne compagnie. Liam y est au sommet de son art. Plus Eastwoodien que jamais. Dense. Intense. Compact. Minéral. Tout entier dans chaque scène.

Avec plus de cent films au compteur et trois décennies de cinoche sous le capot ce géant s'est débarrassé de tout le superflu et navigue ici avec l'essentiel. Le regard. Il transcende totalement l'énorme cliché de son rôle d'ex flic combattant dignement chaque jour son alcoolisme aux réunions des AA. 

Son personnage cherche, se prend des gnons, et ne masque ni la peur, ni l'égarement. Il n'aura comme seule oasis que sa rencontre avec un gamin des rues nourri aux classiques de la littérature policière et se rêvant nouveau Sam Spade ou Philip Marlowe. Parce que pour le reste le bonhomme se contente d'avancer une journée après l'autre, hanté par son passé et confronté ici à deux personnages totalement inhumains.

 

 

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Affronter les démons, les deux pieds dans la fange c'est ce que fait le personnage de Matt Scuder dans l'oeuvre de Block.

Ici, en plus de maintenir à distance sa part de ténèbres, cette icône du parfait anti-héros à l'américaine va se lancer dans la traque de, non pas un, mais bien deux Serial Killers.

Deux petits camarades de jeu carrément tétanisants. Si un jour ce film sort de l'anonymat dans lequel le public l'a honteusement abandonné (tout occupé qu'il est à filer son fric pour Taken ou Les Visiteurs 3) ces deux malfaisants feront date.

Ray et Albert. Deux mecs ordinaires mais à ne surtout pas croiser. Leur truc : kidnapper des femmes de dealers et de trafiquants avant de leur rapporter, après rançon, en petits morceaux. Comme le dit Marv dans Sin City, ces mecs font dans le sonore et le dégueulasse.

 

Dès le générique d'ouverture la tension s'installe.

Quand les very bad guys envoient du lourd, plus besoin d'en rajouter. Le scénar a l'intelligence de laisser l'horreur hors-champs. Le plus terrifiant étant finalement de les voir mener leur petite vie. Trainer en caleçon-chaussette. Se préparer leur petit déjeuner comme un vrai petit couple. L'atmosphère poisseuse et suffocante de l'ensemble fait le reste. Qu'au coeur de la nuit, leur camionette s'approche d'une voiture ou un jolie femme retouche son maquillage et l'on a vite fait de laisser des traces d'ongles dans le canapé. 

David Harbour (Strictly Criminal, Equalizer) et Adam David Thompson assurent grave. Le reste de la distribution est sans fausse notes. Le magnétique Dan Stevens fait merveille en dealer endeuillé.

 

 

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Masures, immeubles défraichis, ciel bas et lourd, nuits pluvieuses...

La direction artistique comme la photographie assurent le job. Une photo signée du roumain Mihai Malaimare Jr, un artiste à qui l'on doit le flamboyant noir et blanc de Tetro ou l'extase argentique de The Master.  

Et le Blu-ray est là pour rendre justice. Une tuerie! Magnifique texture et détails à foison. L'idéal pour profiter du décor. Vision rare d'un New-York des bas-fonds, crasseux et flippant, loin des habituels, lisses et glamour survols de gratte-ciel. Profondeur des noirs et contrastes solides assurent une tenue exemplaire à ce chant d'amour aux grands polars qui ont portés et encadrés les fulgurantes années 70. De Bullit à Serpico, en passant par le premier (seul et unique) Inspecteur Harry auquel le film envoie un chouette clin d'oeil lors de la flinguerie inaugurale.

Dans cet univers où les flics, complices et corrompus, répondent aux abonnés absent on s'accroche au seul phare dans la nuit qu'incarne Big Liam. Détective improvisé. Et suivre ce très grand acteur est un privilège. Surtout quand le scénario lui fait plus souvent ranger son flingue.

 

Trouvable dans n'importe quel opé ou à même à moins de dix euros dans certains bacs à promo, Balade Entre les Tombes méritait bien une chronique. Sans autre prétention que d'offrir un bon moment de cinoche à tous les spectateurs fatigués de ces films montés sous la mitraille et les caméras secouées, voici un petit trésor à exhumer d'urgence !

C'est dit.

 

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2014

1H55

 

LE BLU-RAY : Une tuerie! Magnifique texture d'image et détails à foison. L'idéal pour savourer l'admirable travail accomplit ici sur les décors. Une vision rare du New-York des bas-fonds, crasseux et flippant, loin des lisses et glamour survols de gratte-ciel. Profondeur des noirs et contrastes solides assurent une tenue exemplaire à ce chant d'amour aux grands polars d'atmosphère des années 70 /80.

 

Director:

Writers:

(screenplay), (novel)

 

 

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22/05/2016
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