LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

ALAMO, le charme increvable

Western
John Wayne

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Épique, tendre, un poil naïf mais surtout généreux.

Un condensé magnétique des grands westerns en Scope des années 60, esprit Sept Mercenaires,  avec héros super-classes affrontant la mort avec élégance. C'était un autre temps où les héros dark et dépressifs n'avaient pas encore pris la main. Alamo est une oeuvre certes datée mais au charme incomparable.

Ce transfert Blu-ray permet de redécouvrir une version cinéma dignement restaurée. (compte-tenue du maigre potentiel de vente d'un tel titre, qui ne séduira que les nostalgiques-quinquagénaires-des-soirées-ciné-télé-autorisées-du-mardi-soir-parce-que-le-lendemain-y-avait-pas-école, ce titre était inespéré. Concernant la version longue, qui ne rend pas le film meilleur, loin de là, ne le trouver qu'en SD n'a donc rien de surprenant. )

 

Vous trouvez sur les forums quelques râleurs professionnels pour critiquer le fait qu'il subsiste sur ce transfert Blu-ray quelques points blancs ici et là et deux trois instants de stabilité aléatoire. Moi je dis, n'écoutez pas les trolls et redécouvrez ce grand film dans une copie radieuse offrant un chouette niveau de détail et aux couleurs vibrantes. Niveau sonore, le rafraichissement est impeccable. Même farouche adepte de la VO j'ai aussi revu le tout en VF histoire de faire jouer à plein la nostalgie. Et ça le fait toujours !

 

J'ai cité Les Sept Mercenaires de Sturges mais on tient également ici l'ancêtre du 300 de Snyder. C'est le triomphe du "seuls contre tous et la tête haute ! " Inspiré d'un fait historique ici quelque peu enjolivé, nous sommes au cinoche pas sur Wikipedia, une poignée de braves, 186 civils américains, va donc tenir tête aux milliers de soldats du général Santa Anna pour ralentir leur avancée et permettre au général Houston de constituer une armée. On ne rentre pas dans l'histoire sans petits sacrifices.

 

 

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Vivre et mourir avec panache.

La fibre patriotique du mythique John Wayne ne pouvait que vibrer sur ce scénario éditifiant. À la plume, le grand pote, ex journaliste, et solide picoleur James Edward Grant qui a déjà oeuvré à bâtir la stature héroïque de Big John sur quelques titres comme Hondo, Les Diables de Guadalcanal, Iwo Jima. Une collaboration et une complicité fructueuses qui feront par la suite merveille dans Les Comancheros, La Taverne de l'Irlandais, Le Grand McLintock et le cultissime Plus Grand Cirque du Monde. La seule condition pour que Wayne puisse boucler son projet auprès des studios étant qu'il interprète également le rôle principal, Grant lui écrit un Davy Crockett sur mesure. Une petite série de tirades cultes bien senties sur la loyauté, l'amitié et surtout une définition de la république qui en jette un max dans la bouche de ce farouche anti-communiste : 

 

" ... Republic. I like the sound of the word. It means people can live free, talk free, go or come, buy or sell, be drunk or sober, however they choose. Some words give you a feeling. Republic is one of those words that makes me tight in the throat - the same tightness a man gets when his baby takes his first step or his first baby shaves and makes his first sound as a man. Some words can give you a feeling that makes your heart warm. Republic is one of those words."

 

 

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" Hey, j'm'excuse d'insister mais est-ce que quelqu'un aurait vu ma montre ??!!  putain elle était neuve, chui grave dégoûté, là ... " 

 

 

Face à lui, Richard Widmark et Laurence Harvey. Grande classe et choc des cultures. Le héros tourmenté de L'Homme aux Colts d'or, Le Jardin du Diable et La Lance Brisée face à la noble minéralité de l'acteur des Chemins de la Haute Ville et des Quatre Plumes Blanches. L'affrontement de ces deux colonels, le pragmatique et le protocolaire, profite pleinement de cet habile sens du casting. 

Le seul rôle féminin échoit à la magnifique Linda Cristal qui fit ensuite carrière à la télévision. Mais, on ne va pas se mentir, Alamo est d'abord et essentiellement un film d'hommes. L'amitié y est virile et solide. D'ailleurs, l'estime mutuelle et infinie que se portent Wayne et Widmark transparait dans chaque séquence. La présence de ces deux géants partageant le même écran c'est d'emblée du grand cinoche. On cherche en vain les remplaçants aujourd'hui ...  (Je fais encore mon vieux con mais le cinémascope enflammé du grand cinéma américain des années 60 et ses icônes me font toujours mousser la nostalgie.) Forcément le grand frère John Ford était également dans les parages durant le tournage pour distribuer quelques conseils à John Wayne-réalisateur et mettre en boîte quelques scènes de batailles dont très peu seront conservées dans le montage final. Le maître le prendra un peu mal avant de saluer la folle ambition et la grandeur de l'oeuvre signé par son acteur fétiche.

 

Oui, vraiment, tout le mérite de cette gigantesque entreprise, aux 5000 figurants, 1600 chevaux,  1000 costumes, onze tonnes de poudre et 4000 fusils autour d'un Alamo intégralement reconstruit pour l'occasion, repose sur les épaules du pape des cow-boys qui y a englouti jusqu'à sa fortune personnelle, United Artists ne l'ayant accompagné que timidement, pour que ce grand film épique voit le jour (Wayne a tout hypothéqué, de sa maison jusqu'à sa garde robe)

Passionné de l'épisode d'Alamo et des aventuriers Davy Crockett et Jim Bowie depuis son adolescence son passage à la réalisation est le résultat de longues années de maturation et préparation. Un long sacerdoce de série B et Z avant d'avoir financièrement et techniquement les épaules et l'expérience pour se lancer dans l'aventure. On peut le dire, Alamo a été envisagé, mis en forme et tourné avec la même ferveur que celle qui anime les héros du film. Le projet d'une vie. Un film de et sur John Wayne. Un homme dont la figure a forgé la légende du far-west au cinéma. "J'y ai mis tout mon coeur et toute mon âme"

Sa réalisation, ample et sûre, porte les fruits de ses innombrables collaborations avec les maitres du western, Ford, Hathaway, Hawks ou Wellman. Les plans iconiques s'enchaînent comme à la parade et l'assaut final est une authentique leçon de mise en scène (conseil aux épileptiques d'aujourd'hui : revoyez Alamo!). Même si l'esprit du film entend bien "imprimer la légende" Wayne et son scénariste fuient pour autant le manichéisme basique. La délicate scène où les femmes et les mères de l'armée mexicaines pleurent leurs morts en témoigne. John Wayne était lui-même marié à une mexicaine et n'avait aucune intention de froisser ses voisins. 

Alamo reste ainsi un spectacle épique et profondément humaniste.

Un classique incontournable qui n'a cessé de grimper sur la top-liste des fans de western. Financièrement, Big John mettra quelques années à s'en remettre mais le film existe et sur ce plan la victoire est totale.

  

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

B. 

 

 

 

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1960

 

2h40

 

 

Le Blu-ray :          Ce transfert Blu-ray permet de redécouvrir une version cinéma dignement restaurée. Compte-tenue du maigre potentiel de vente... ce titre était inespéré. Concernant la version longue, qui ne rend pas le film meilleur, loin de là, ne le trouver qu'en SD n'a rien de surprenant. Vous trouvez sur les forums quelques râleurs professionnels pour critiquer le fait qu'il subsiste sur ce transfert Blu-ray quelques points blancs ici et là et deux trois instants de stabilité aléatoire. Moi je dis, n'écoutez pas les trolls et redécouvrez ce grand film dans une copie radieuse offrant un chouette niveau de détail et aux couleurs vibrantes. Niveau sonore, le rafraichissement est impeccable. Le livret à l'intérieur, merci Marc Toullec, est bourré d'infos passionnantes. Bref, Alamo en Blu-ray est un beau cadeau.

Director:

 John Wayne

Writer:

 James Edward Grant (original screenplay) 
 

 

 

100791098_o.jpg  " Hey les mecs, les mecs !!! vous savez quoi !  Ha ha ha  !!!  On va tous crever pour la liberté! Freedom !  j'en chiale, Alamo for ever, putain ! Ha ha ha !



22/06/2021
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