LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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36 QUAI DES ORFÈVRES, 15 ans après

Polar

Olivier Marchal

***** 

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(18 ans) après sa sortie, que reste-t'il du 36 de Marchal?

 

 

Tout. 

C'est un grand cru.

Un grand polar noir et classieux, en acier trempé, fait pour résister vaillamment à l'épreuve du temps et s'affirmer comme un solide et incontournable classique du genre. 

 

Il faut rappeler qu'à l'époque le polar français était à l'agonie. Frileux, téléfilmé, auteurisé il sentait la chaussette et l'on se consolait en se retapant les bons vieux polars français des années 50 aux années 70. Époque ou le genre, chez nous, n'avait cessé de tutoyer les sommets. Avant que sorte 36, cette époque était révolue. Le genre appartenait à Michael Mann ou Scorsese avec l'étincelle Tarantino pour allumer la mèche et foutre le feu aux salles. Et puis voilà que débarque 36 Quai des Orfèvres.

 

Auteuil / Depardieu. Un combat de chefs.

Un duel de géants de l'écran en forme d'hommage à l'indétrônable Heat de Monseigneur Mann. Sans atteindre les sommets de son modèle (exemple de film parfait touché par la grâce) le spectateur que j'étais se régalait ici de deux monstres sacrés se partageant l'affiche dans un grand film policier ressuscitant le cinéma de gueules, de braquos cadrés et découpés au millimètre, de flics carbonisés, de femmes somptueuses, guerrières, et de raclures massives bien flippantes. 

Un polar aux cadres amples, aux nuits profondes, aux trottoirs mouillés, aux aubes blafardes et le tout soutenu par un superbe casting de seconds rôles inoubliables (Valeria Golino, André Dussolier, Mylène Demongeot, Catherine Marchal, Roschdy Zem, Francis Renaud et, offrant toute son âme au premier quart d'heure du film : le regretté Daniel Duval),

La première heure est virtuose, menée tambour battant et enchainant les morceaux de bravoure elle embrasse l'efficacité de Mann (humblement et sans confiner à la transcendance du maître) et la générosité d'un Verneuil avant de nous conduire à une deuxième partie ou le combat se resserre, vire à l'intime et convoque le fantôme de Melville.

 

 

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36 est grand parce qu'il n'a pas peur du spectacle.

Il s'affiche comme tel, même si la plupart des évènements sont inspirés ici de faits réels, avec une allusion à l'affaire du Gang des Postiches des années 80. Marchal, ancien flic, vient de ce monde là. Il y a grandit et y a souffert. Il reste habité par tout ça. Sa grande force et de puiser dans le vrai mais pour en faire d'abord une oeuvre. Délivrer une vérité de cinéma. Et de grand cinéma. Aidé en cela par son brillant directeur photo, Denis Rouden, qui fait briller la nuit comme personne et redonne à Paris, son périph et sa banlieue son plein espace et toute son aura. Toute action est transcendée en pur acte cinématographique.

 

Tout au long de ce film où les évènements comme les sentiments sont excessifs, Marchal donne à manger au diable sans demi-mesure et en employant les grands moyens. Certains peuvent trouver les ficelles un peu grosses, ce sont pour moi les sublimes et solides cordages d'un somptueux vaisseaux taillé pour les tempêtes, capable de traverser un océan de drames défendues au calibre et hanté par un bad-guy d'anthologie. La figure lâche, obscène et grossière de Klein. Une prestation où Depardieu s'abandonne à ses démons. Et cet ogre qui se nourrit des siens, dévore l'écran.

 

 

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36 est grand parce qu'il est habité par l'âme souffrante, rageuse et romantique d'Olivier Marchal (Romantique il le restera et poussera jusqu'au "Gothique" avec MR 73) Ce n'est pas triste, c'est tragique. Tragique jusqu'à l'antique. Ce n'est pas dur c'est impitoyable, sombre, âpre et violentC'est la vie en plus fort et en plus grand et au diable les quelques incohérences ou facilités du scénario.

36 est sublimé par la musique d'Axelle Renoir et Erwann Kermorvant. Une compo opératique qui transcende le genre et fait de 36 une cathédrale du genre. Oui, c'était le retour du grand, noble et beau cinoche populaire qui n'a pas peur de l'émotion et des personnages plus grands que la vie. 15 après il file encore la honte à bien des petites errances nocturnes actuelles ou des Bessoneries sans âme ni chaire, mollement défendues par des acteurs à la diction hasardeuse et à la présence fantomatique scotchés à leurs portables. Tout est bien présent, vivant et grand dans 36, Quai des Orfèvres

Revoir un tel spectacle, 18 ans après, fait un bien fou.

 

 

Francisco, 

 

 

 

 


 

 

Chroniques   Marchal

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2004

 

1H50

 

LE BLU-RAY         Tout ça tient encore très bien la route. Précis, détaillé et servant au mieux l'admirable photographie du fidèle frère d'armes Denis Rouden. Les nuits parisiennes  et ses trottoirs humides ont rarement été aussi hypnotiques.

 

Réal:

Olivier Marchal

Scénar:

Olivier Marchal (original scenario), Franck Mancuso (original scenario) | 4 more credits »
 

 

 

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27/04/2019
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